L'histoire de Recep Tayyip Erdoğan

À la tête de la Turquie depuis 20 ans, il vient d'être réélu président pour la 3e fois. Voici l'histoire de Recep Tayyip Erdoğan.

Erdoğan au pouvoir depuis 2003


Recep Tayyip Erdoğan, c'est l'homme qui est à la tête de la Turquie depuis 20 ans. Issu d'un milieu populaire, il est connu dès son adolescence comme étant un fervent défenseur de l’islam politique. Lorsqu’il est à l’université, il rencontre Necmettin Erbakan, un leader islamiste historique. Il commence alors à militer parmi les mouvements dirigés par Erbakan. Il est élu maire d'Istanbul en 1994 sous l’étiquette politique du Parti de la prospérité. Durant son mandat, il renonce à mener à bien le projet controversé de la construction d’une mosquée sur la place centrale d’Istanbul. Il fait néanmoins interdire la vente d’alcool dans les cafés municipaux.


En 1998, Erdoğan est accusé d’incitation à la haine religieuse. Dans un poème qu’il récite, il compare les mosquées à des casernes, les minarets à des baïonnettes et les croyants à une armée. Condamné à 10 ans de prison, il donne sa démission en tant que maire d’Istanbul. Il profitera d’une libération anticipée au bout de 4 mois. En 2001, il cofonde le parti conservateur AKP, qui sort vainqueur des élections législatives de novembre 2002. A ce moment-là, il ne peut pas exercer de fonction politique en raison de sa précédente condamnation. En décembre 2002, un amendement constitutionnel fait annuler son inéligibilité. Erdoğan est nommé Premier ministre quelques mois plus tard. Perçu comme un réformateur, il veut faire entrer la Turquie dans l'Union européenne. Dans les années 2000, sa politique contribue à l'émergence d'une classe moyenne en Turquie. En 2013, il réprime les manifestations de la place Taksim.

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L'année suivante, il devient le premier président turc élu au suffrage universel direct. Il inaugure alors un palais présidentiel de plus de 200 000 mètres carrés et 1000 pièces. À l'été 2015, après des frappes aériennes menées par Ankara, le PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan, estime que le cessez-le-feu décrété en 2013 est rompu. Les attentats se multiplient sur le sol turc. Certains sont attribués à l'État islamique, d'autres aux Kurdes. “Le PKK est une organisation terroriste, l'ennemi de la Turquie, l'ennemi de l'Irak et l'ennemi des États-Unis” déclarait Recep Tayyip Erdoğan en 2007.

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Tentative de coup d’Etat

Dans la nuit du 15 juillet 2016, des militaires putschistes tentent de renverser Erdoğan. Depuis son téléphone, le président apparaît à la télévision pour lancer un appel au peuple : “Je lance un appel à mon peuple, j'invite mon peuple à se réunir sur les places publiques, à l'aéroport, notre nation va se rassembler, et que ce groupe minoritaire vienne avec ses tanks, qu'il fasse ce qu'il a à faire sur le peuple s'il le peut. Je ne connais pas de force plus grande que celle du peuple. En tant que nation rassemblons-nous sur les places, à l’aéroport, et que ce groupe minoritaire vienne avec leurs tanks et leurs balles, qu'ils fassent ce qu'il ont à faire sur le peuple. Je ne connais pas de force plus grande que celle du peuple, à ce jour. Ceux qui ont troublé l'atmosphère vont le payer très cher, j'aimerais le dire tout particulièrement”.

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Recep Tayyip Erdoğan accuse son ancien allié, Fethullah Gülen, d'être à l'origine du putsch. Une purge est menée dans l'armée, dans l'administration, l'université et la presse. “Les mesures de sécurité prises par le gouvernement en réponse au coup d'Etat avorté du 15 juillet 2016 semblent avoir généré un sentiment général d'intimidation et de défiance dans beaucoup de segments de la population. Certaines lois et certains décrets qui ont été adoptés ont créé un environnement qui encourage la torture et les autres formes de mauvais traitements” a commenté Nils Melzer, rapporteur spécial de l’ONU en 2016. “Les prisons turques sont remplies de journalistes qui n'ont fait que leur travail, qui ont enquêté, qui ont essayé de dévoiler la réalité de ce qui se passe aujourd'hui en Turquie” a ajouté Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF).

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Erdogan réélu en 2023 en tant que président turc

À l'international, après des années d'ouverture à ses alliés occidentaux, sa position se durcit sur plusieurs dossiers et devient ambivalente. En 2017, un référendum constitutionnel transforme le régime parlementaire en régime présidentiel. En 2018, Erdoğan est réélu dès le premier tour de l'élection présidentielle. 


En 2023, il repasse devant les électeurs, pour tenter de décrocher un troisième mandat présidentiel. S'il bénéficie encore d'une base électorale solide, il est aussi de plus en plus contesté pour son bilan économique et son autoritarisme. La Turquie traverse alors une grave crise économique et a été marquée par des séismes responsables de la mort de plus de 50 000 personnes. Le 28 mai 2023, Erdoğan est réélu pour un mandat de 5 ans face à son rival Kemal Kiliçdaroglu avec 52 % des voix. Les deux autres candidats Sinan Ogan et Muharrem Ince ont récolté moins de 6 % des suffrages. Pourtant, la Constitution en autorise deux. Dans son programme, l’homme politique a pour objectif de créer une seconde république dans le pays, qui serait plus religieuse et tournée davantage vers le Golfe, la Russie et la Chine. Dans les défis qu’il devra relever, il y a l’inflation, qui a avoisiné les 40 % en avril dernier ; également, la reconstruction du pays, dévasté par un séisme en février dernier, faisant plus de 50 000 morts. Plus de 650 000 logements seraient reconstruits selon une déclaration du président turc. 

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Les élections législatives se sont également tenues en parallèle du premier tour de la présidentielle. Le président a remporté une nette victoire avec sa coalition, formée de l’AKP (Parti de la Justice et du Développement) et de ses alliés. Il a battu à 322 sièges sur 600, contre 213 pour son rival, Kemal Kiliçdaroglu du parti CHP (Parti républicain du peuple). 

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