Turquie : immersion dans un quartier dévasté d'Antakya

Notre journaliste Yagmur Cengiz s'est rendue à Antakya, une ville du sud de la Turquie. Au cœur d'un quartier dévasté, elle a rencontré un couple qui a vécu l'enfer. Ils racontent.

“C'est même pire que la guerre”


“Heureusement, le fait que le bâtiment ne s'effondre pas nous a sauvés. Mais à l'intérieur, si on s'était pas protégés, les murs qui ont explosé... Voilà, ça aurait pu être bien pire pour nous.” Gülcan est une femme turque habitant à Antakya, une ville dans le sud de la Turquie. La région a été durement touchée par les séismes du 6 février dernier, et il y a énormément de dégâts. Beaucoup de bâtiments sont effondrés. Gülcan, avec son compagnon Dinçer et leur fils, ont réussi à sortir à temps de leur immeuble. “On a seulement eu à sauter au-dessus de ces décombres, heureusement. Pendant que je descendais, il y a cet immeuble qui s'est effondré. Normalement, là, il reste debout, mais son intérieur totalement explosé, c'était terrible”, se rappelle la Turque. 

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“Chacun a perdu un être cher”


“Là, c'est même pire que la guerre, on est pieds et poings liés. On est sortis difficilement de chez nous. J'ai extirpé ma femme et mon enfant. J'ai une fracture à la jambe, mon fils s'est cassé le pied, on est sortis de justesse”, décrit Dinçer. “J'ai dit à ma femme : chérie, attendons le matin, ils vont nous venir en aide. Le matin, personne n'est venu. Le lendemain, il n'y avait toujours personne. Le 3e jour, ils sont venus aider petit à petit. Bien sûr, c'était déjà bien trop tard. Mais comme notre communication était coupée, nous, on croyait que le séisme avait seulement eu lieu à Antakya.

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Leur lieu de travail, un salon de coiffure, a été totalement détruit par les séismes. “On ne sait pas non plus quoi faire de notre vie après ça. Moi, je suis un coiffeur pour femmes, je n'ai plus de lieu de travail, je n'ai plus de chez moi, on ne sait pas où trouver refuge. On est constamment en état d'alerte, on a peur de tout maintenant. C'est quelque chose qu'on vit tous, là”, pense Dinçer. Sur place, l’aide s’est organisée et des camps de fortune ont été montés. Des distributions s’enchaînent pour subvenir aux besoins des sinistrés. “Dans une famille de cinq personnes, il y a juste une ou deux personnes en vie. Vraiment, il y a plus... Il n'y a plus personne. Vraiment, chacun a perdu un être cher”, conclut Gülcan. 

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