Il invente le cargo à voile, un transport moins polluant

L'idée aurait pu naître de l'imagination d'un enfant mais, elle pourrait faire économiser 20% de carburant aux navires de marchandises. Avec sa voile de kitesurf géante, Yves veut rendre la navigation plus propre. Il nous raconte.

Réduire l’impact des bateaux avec une voile ?

L’entreprise Beyond the Sea est née de l’expérience du skipper Yves Parlier. C'est lors de ses courses, en compétition, qu'il constate que les cargos allaient à une allure plus lente que son voilier. “Je me dis : ‘mais c'est complètement dingue que, quand il y a du vent, les cargos n'utilisent pas le vent’. Et c'est comme ça que j'ai arrêté la compétition et que je me suis lancé dans Beyond the Sea pour tracter les cargos avec le SeaKite”, explique Yves Parlier.

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Pour Corto Yerlès, chef de projet, le but, c'est “d'équiper des gros bateaux pour pouvoir leur faire économiser du carburant. Ce ne sera pas la source d'énergie unique, mais par contre, le but, c'est vraiment de leur faire économiser jusqu'à 20 % de carburant. C'est énorme en termes en quantité de fuel. Donc, c'est une voile avec une armature rigide gonflée, toute la structure de la voile est gonflée.

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Actuellement, l'entreprise équipe des bateaux compris entre 5 et 25 mètres de long. Mais l'objectif est de toucher les navires de 400 mètres qui représentent un grand pourcentage. “Les bateaux de pêche, c'est 4 millions et demi de navires dans le monde, et la marine marchande, c'est 75 000. On parle des gros cargos, dont les plus gros font près de 400 mètres de long et consomment plus de 100 tonnes par jour de carburant. Si on arrivait à équiper tous les navires de marine marchande, on pourrait faire économiser quelque 200 millions de tonnes de CO2 émises. Ça correspond à l'émission d'environ 50 millions de Terriens.

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Comment ça marche ? 

Cette grande économie ne nécessite pourtant pas beaucoup de matériel, simplement une voile. Ce bout de tissu, comme une grosse voile de kitesurf, pourrait permettre de tracter le bateau par le vent. La voile n’a pas de caractéristiques particulières, le plus compliqué est d'apprendre à la piloter. “C'est un système de propulsion qu'on peut rajouter facilement, donc sur lequel il y a besoin de beaucoup moins d'infrastructures et qui est beaucoup moins encombrant quand on l'utilise pas, par rapport à un mât”, ajoute Alexis Mounard, champion de France de kitesurf et ingénieur d'essais. 


Pour Yves Parlier, un kite possède de nombreux d'avantages. “Déjà, il peut tirer beaucoup plus qu'une voile normale, parce qu'il tire dans du vent qui est plus fort, parce qu'il est en altitude. Ensuite, il peut s'adapter très facilement aux différents cargos ou tous les bateaux à moteur, puisqu'il prend très peu de place à bord du bateau”. Lors de leurs essais, l’équipe règle ses paramètres pour le pilotage automatique et manuel, coordonnés par Tanguy Léau, ingénieur en automatique. “Il y a un peu de travail quand même, mais l'objectif, c'est d'appuyer un bouton et qu'il y ait tout qui marche directement, en automatisé. Là, on a fait passer le pilotage en mode automatique et là, l'aile, elle est toute seule maintenue en l'air. On se fait tracter.”, indique Yahia Hadj Said, responsable mécatronique.

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Ce dispositif prévoit également un mode “ hydrogénération”, qui consiste à tirer le bateau tout en fabriquant de l’électricité avec la vitesse du bateau grâce à une turbine qui entraîne un alternateur et charge les batteries. 


Une solution plus concrète que les bateaux électriques

Yves Parlier explique qu'actuellement, les bateaux électriques ne sont pas envisageables car il n'y a pas assez d’autonomie pour traverser l'Atlantique à l'électrique. “Ça prendrait tellement de place sur le bateau et ça pèserait tellement lourd qu'il y aurait moins de place pour les marchandises. Pour totalement décarboner les marines, ça va être très compliqué. Il faut travailler sur, aussi, d'autres technologies. Il y a les biocarburants qui peuvent être intéressants, mais ça continue à émettre du CO2, donc ce n'est pas la panacée, réduire la vitesse, mais ça veut dire augmenter le nombre de bateaux sur la mer. Nous, notre première étape, c'est de faire économiser 20 %, mais à terme, on espère que les bateaux seront conçus pour la traction par kite et qu'on saura les tracter pour plus de 50 % avec le kite.

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