Comment réduire l'empreinte carbone dans le BTP ?

Et si, plutôt que de démolir un bâtiment et de tout jeter, on recyclait les matériaux pour en construire de nouveaux ? Décarboner le secteur du BTP, c'est l'objectif de Noé et de son entreprise Mobius. On l'a suivi dans son usine de reconditionnement.

Une industrie très polluante 

Le réemploi de matériaux de construction est un vrai enjeu dans le bâtiment, selon Noé Basch, fondateur de Mobius Réemploi. Aujourd’hui, le bâtiment et les travaux publics représentent 40 % des déchets générés en France et 50 % du poids carbone, dans une construction neuve. 


Dans ce contexte, pour diminuer l’empreinte carbone de cette industrie, Noé Basch explique que les solutions sont assez réduites : “On n'a pas 36 solutions, soit on construit tout en bois ou en pierre, on jette des matériaux qui ont encore une valeur d'usage et technique, qui valent encore un peu d'argent ou on recycle”. Et c’est finalement cette seconde option que cette entreprise a choisi : reconditionner les matériaux des clients pour leur donner une seconde vie. “L'idée, c'est d'enlever les traces de colle, de moquette, pour qu'on ait un rendu qui soit justement ce qu'on attend d'un produit neuf. C’est au même titre qu’acheter un iPhone reconditionné, on se retrouve avec un produit qui est recalibré, qui est renormalisé, qui est réassuré”. 

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Que propose Mobius Réemploi ? 

L’entreprise a démarré son activité par le conseil. “On est présent, à la fois en déconstruction et en construction. La déconstruction, c’est très simple : en fait, plutôt que de démolir, on déconstruit. On va démarrer par un diagnostic des ressources, donc faire un grand catalogue de tout ce dont notre client est propriétaire. Donc soit on les laisse en place, soit on les déconstruit pour les stocker et les reconditionner pour les remettre en œuvre”.


Une seconde option est proposée, celle de la donation. De nombreux matériaux ne sont plus utiles aux clients mais peuvent intéresser des artisans ou des associations. “Donc le diagnostic, on va justement le diffuser et ces artisans, ces associations vont venir déposer eux-mêmes et en échange de leur temps, ils vont repartir avec la matière. Pour notre client, c’est un plus car il est content car il a mieux valorisé ses déchets, qui n'en sont plus. Il a limité son impact carbone, ses coûts de valorisation. D'autre part, on a des gens qui ont pu, justement, bénéficier de matériaux à bas coût. Quand vous savez que ça peut être Emmaüs ou le SAMU social qui récupère, il y a quand même une dimension sociale, sociétale à tout ça”, rapporte Noé Basch. 

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Diminuer de 70 % le bilan carbone de la construction 

Pour Noé Basch, “Si un bâtiment n'était fait que de matériaux reconditionnés, globalement, sur la partie matériaux, on pourrait diminuer d'environ 70 % le bilan carbone de la construction”. Aujourd’hui, pour arriver à convaincre les professionnels du bâtiment sur l'efficacité de leurs produits reconditionnés, l'entreprise veille à ce que le matériau soit au même niveau de qualité qu’un produit neuf. Dans cette démarche, ils travaillent principalement sur un produit, le faux plancher technique. “C'est extrêmement carboné comme matériau. Ça se dépose facilement, puisque c'est fait pour être posé-déposé, et ça coûte relativement cher donc ça permet d'avoir justement un modèle économique dans son reconditionnement. Là, ce qu'on voit, c'est de la matière qui arrive et qui va être reconditionnée, recalibrée, remise aux normes”. 

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À lui seul, le faux plancher représente près de 5 % du poids carbone d'une construction neuve. “L'État français a une réglementation environnementale qui est une des plus contraignantes, où il est demandé que chaque construction soit sous un certain seuil. Et ce seuil-là, il est important. Pourquoi ? Parce que la construction, c'est à peu près un tiers des émissions de carbone de la France. Donc, petit à petit, matériaux par matériaux, en faisant du réemploi, on limite justement ses émissions carbone et on respecte la réglementation. En Europe, on n'a pas beaucoup d'énergie, pas beaucoup de matière dans notre sous-sol. Il y a peut-être une petite logique d'autonomie, en fait, à réfléchir”. 

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