La vente de semences paysannes désormais autorisée aux particuliers

En France, la loi autorise désormais la vente de semences paysannes aux particuliers. Voilà ce que ça va changer pour les agriculteurs.

La vente de semences paysannes désormais autorisée pour les particuliers


Cette pratique consiste pour un agriculteur à utiliser les graines de sa récolte pour les replanter. Jusque-là, une loi de 1932 interdisait leur vente.


Le Sénat et l'Assemblée nationale viennent d'adopter une loi permettant la vente de semences paysannes directement aux particuliers. « Maintenant, c'est bien marqué dans la loi que ce sont des échanges à titre onéreux qui sont autorisés et c'est un énorme pas en avant, notamment sur la biodiversité cultivée », réagit Barbara Pompili, députée LREM. Cette pratique était jusque-là interdite par une loi de 1932.


90 % des variétés traditionnellement utilisées par les paysans ont disparu en un siècle


Selon la FAO, 90 % des variétés qui étaient traditionnellement utilisées par les paysans ont disparu en un siècle à l'échelle de la planète. Sur ces 90 %, 75 % sont définitivement perdues. Si les semences paysannes ne pouvaient pas être vendues, c'est qu'elles ne sont pas inscrites au catalogue européen des espèces et variétés végétales. Elles sont en effet considérées comme instables et hétérogènes et ne répondent pas aux critères du marché.


« L'enjeu, c'est que les agriculteurs redeviennent maîtres de leur sélection et de leur multiplication. Et ça, c'est un danger extrême pour l'industrie, parce qu'il faut bien comprendre que ce n’est pas pour rien que les industries de la pétrochimie, les industries agroalimentaires sont les mêmes industriels qui vendent des produits chimiques et qui vendent les semences », affirme Ananda Guillet Président de l'association Kokopelli.


Des semences bénéfiques pour la biodiversité et pour nos assiettes


Il poursuit : « Il ne faut pas penser qu'ils font leur chiffre d'affaires et leur puissance sur la vente de semences. La vente de semences, ce n’est qu'un outil. En fait, leur objectif, c'est de vendre le plus de produits chimiques possible. Et pour arriver à cet objectif, ils créent leur marché. Comment ils créent leur marché ? En proposant des semences qui vont avoir besoin d’un package technologique qu'ils vont vendre avec les semences. »


Si les semences sont bénéfiques pour la biodiversité, elles le sont aussi pour nos assiettes. « Ce sont des produits issus de variétés libres et reproductibles. Tu vas avoir une nourriture meilleure en goût et beaucoup plus nutritive. Ça veut dire que tu vas te retrouver avec des aliments qui nourrissent vraiment, avec des acides aminés, des vitamines, des oligo-éléments. Tout ce dont le corps a besoin », note Ananda Guillet.


Cette loi ne permet pas encore aux agriculteurs et aux professionnels d'acheter des semences paysannes


Cependant, pour les défenseurs des semences paysannes, le combat n'est toujours pas gagné. Car cette nouvelle loi ne permet pas encore aux agriculteurs et aux professionnels d'acheter des semences paysannes. Pour eux, c'est maintenant à l'Union européenne de changer la législation.


« Si on veut voir le paysage agricole se modifier, il faut que ces variétés soient accessibles à tout le monde. Pour qu'on puisse voir le paysage agricole et les produits qui arrivent dans nos assiettes se modifier, pour qu'on puisse manger sainement, il faut que toute la chaîne suive. Donc c'est une première pierre à l'édifice, mais le combat est loin d'être terminé », tempère Ananda Guillet.


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