Le retour des loups inquiète les bergers

500 : c'est le nombre de loups recensés cette année en France. Cyrus North et Tanguy Toopet ont suivi le berger Joseph Boussion et son troupeau de brebis dans les Alpes.

Pourquoi le retour des loups inquiète les bergers (avec Cyrus North et Tanguy Toopet)


500 : c'est le nombre de loups recensés cette année en France. Cyrus North et Tanguy Toopet ont suivi le berger Joseph Boussion et son troupeau de brebis dans les Alpes, en Haute-Savoie pour comprendre son quotidien et pourquoi le retour du loup l'inquiète.


« Le métier de berger, c'est vraiment un triptyque relationnel entre le troupeau, le berger et les chèvres » explique le berger Joseph Boussion. Avec son chien de berger, Nahiko, un berger basque d’un an et demi, il s’occupe de son troupeau de brebis dans les Alpes, en Haute-Savoie. Les chiens sont avec le troupeau toute l’année. Il y a ceux qui guident le troupeau, mais aussi les « patous », les chiens de protection. Ils sont là pour écarter tout danger du troupeau et alertent le berger quand il y a un souci. « Ça limite un peu les attaques, on perd beaucoup de chiens tous les ans qui se font tuer par les loups » raconte Joseph Boussion.


Souvent, les loups se cachent et leur pelage se confond un peu avec la roche. « Ce qui nous fait remarquer qu'il y a le loup qui est présent, souvent, c'est que le troupeau va s'affoler d'un coup, va partir dans tous les sens » raconte Joseph Boussion.
Dans les Alpes, il y a aussi des chevreuils, des chamois… Mais le loup préfère s’attaquer aux brebis. « C'est bien plus facile » lance Joseph Boussion : le loup « va calculer la dépense d'énergie par rapport à son gain » ajoute le berger.


En plus des chiens, les bergers tiennent les loups éloignés de leurs troupeaux grâce à des carabines, des pièges photo, des caméras thermiques…. Malgré tout, 12.500 brebis sont mortes en France l'an passé, mangées par des loups.


Pour les bergers, cette situation est épuisante, physiquement et mentalement : « Il blesse tes brebis, ton troupeau, il te blesse toi » explique Joseph Boussion. « L'an passé, à cause de la fatigue, je suis tombé. Je me suis cassé le coude. Je cherchais mes bêtes partout. J'avais les larmes aux yeux parce que j'ai perdu mes chèvres, je ne savais pas où elles étaient. Et puis je n'en pouvais plus » raconte le berger. Joseph Boussion s’occupe de ses brebis 15 heures par jour : « qu’il neige, qu'il vente, sous la pluie, j'y suis ».


Historiquement, le loup était présent sur environ 90 % du territoire de la France. À l’époque, l'imaginaire français associe le loup à un animal dangereux pour l'Homme. Traqué et chassé dans tout le pays, il disparaît complètement dans les années 1930. Les loups réapparaissent en France en 1992, dans le parc du Mercantour.


En 1989, la France ratifie la Convention de Berne qui interdit de chasser le loup sans autorisation. Pour réguler la population de loups, des tirs de prélèvements, c’est-à-dire la possibilité de tuer l'animal, sont autorisés chaque année entre septembre et décembre.


En 2019, le gouvernement a donné son feu vert pour que 17 % des loups soient abattus contre 10 % auparavant, les années précédentes. « Si on chasse en dehors de ces quotas, on fait ce qu'on appelle du braconnage donc ça peut coûter très cher » explique Lionel Raimbault, lieutenant de louveterie qui travaille de manière bénévole auprès des bergers.


« Tout le monde parle du loup, personne sait comment il se comporte » déplore Joseph Boussion. « Tous ceux qui t'expliquent que ça attaque la nuit, que ce n'est pas possible que ça s'approche de l’homme, etc. C'est des gens qui ne connaissent rien, ils ont juste vu le loup dans les livres » ajoute le berger. Pour lui, il faudrait mettre en place une organisation gouvernementale qui s'occupe du suivi des loups. « Aujourd'hui, on a des environnementalistes qui ne veulent absolument pas qu'on puce les loups ou les meutes pour savoir où elles sont. Parce qu'elles pensent que, grâce au puçage, on va aller les tuer. Il y a une espèce de paranoïa schizophrène où tout le monde se méfie de tout le monde et du coup il ne se passe plus rien et personne n'est content » déplore le berger Joseph Boussion.


« Nous, ce qu'on voudrait, ce n'est pas qu'il y ait plus de loups, c'est qu'il y ait zéro brebis tuées » conclut le berger.


• Pour suivre les vidéos de Cyrus North, sa chaîne YouTube :
▶︎ https://www.youtube.com/user/LeCoupdePhil


• Pour suivre les vidéos de Tanguy Toopet, sa chaîne YouTube :
▶︎ https://www.youtube.com/channel/UCxGJgYyHiYkRyuUWjgShOTQ


• Pour suivre l’activité de Joseph Boussion, ses pages Facebook et Instagram :
▶︎ https://www.facebook.com/CarnetdeBerger/
▶︎ https://www.instagram.com/carnetdeberger/


• Comment le loup a fait son retour en France (Le Monde) :
▶︎ https://www.youtube.com/watch?v=lMMEMxdU7n0


• Situation et démographie du loup en France (Office National de la Chasse et de la Faune sauvage) :
▶︎ https://www.loupfrance.fr/suivi-du-loup/situation-du-loup-en-france


• La population de loup en France dépasse les 500 individus :
▶︎ https://www.nationalgeographic.fr/animaux/2019/06/la-population-de-loups-en-france-augmente-de-facon-exponentielle


• Farid Benhammou est géographe et l’un des spécialistes des relations et de la cohabitation entre l’homme et les grands prédateurs d’Europe, il s’est notamment intéressé au retour du loup dans les Pyrénées :
▶︎ http://www.loup.org/spip/Analyse-strategique-et,456.html


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