Jeanne, 15 ans : ma vie sur l'île de Bréhat

"J'adorerais rentrer chez moi en métro tous les jours." Ils sont 377 à vivre sur cette île. Et Jeanne, 15 ans, en fait partie. Chaque matin, c'est en bateau qu'elle se rend à l'école. La vie d'ado sur l'île de Bréhat, au large de la Bretagne ça ressemble à ça. #BrutenBretagne 1/4

“J’ai envie de partir, d’aller voir ailleurs”


Il est 6h50 quand Jeanne, 15 ans, prend le petit train puis le bateau puis un car. Direction : le collège. C’est le même rituel chaque matin pour l’adolescente insulaire, qui habite l’île de Bréhat en Bretagne. “J’habite à l’autre bout de la planète, là. J’adorerais rentrer en métro chez moi tous les jours” commente la jeune fille. L’été, l’île est très fréquentée par les touristes. Ce qui ne plaît pas forcément à Jeanne : “Les touristes, quand ils viennent à Bréhat, ils pensent trop qu’ils sont comme chez eux, et tout, ils savent pas faire du vélo. Le petit train qui fait le ramassage scolaire, quand y a des touristes, il fait le tour de l’île avec les touristes, et donc du coup, ben, il nous prend pas”. Sur Bréhat, il n’y a pas de voiture.


C’est beau, Bréhat, j’ai une chance incroyable de vivre ici, je ne dis pas le contraire. Je peux pas ne pas aimer Bréhat mais faut que je parte. J’ai envie de partir, d’aller voir ailleurs, de rencontrer plein de gens. Je veux pas partir pour toujours, ça, c’est sûr, je vais forcément revenir à un moment. Bréhat, c’est une grande famille. Tout le monde se connaît, tout le monde s’entraide. J’ai de la famille, j’ai mon père, j’ai mes parents qui sont là, je pourrai jamais partir pour toujours” explique l’adolescente. 


J’arrête pas de dire (aux gens) que j’habite pas dans une grotte


Passionnée par la musique et le théâtre, Jeanne souhaiterait travailler dans l’évènementiel. “Pour aller à des concerts, je suis obligée d’aller loin. Les gros artistes ne viennent pas près de chez nous. Ils viennent à Rennes, à Nantes, mais vraiment, c’est loin, Nantes, c’est à 4 heures d’ici”. L’avantage de l’île de Bréhat, c’est que la jeune fille peut circuler librement : “Le soir, parfois on sort, on n’a pas forcément d’heure pour rentrer chez nous, nos parents, ils se demandent pas vraiment ce qu’on fait, où on va, ils connaissent tout le monde, ils connaissent l’environnement, ils n’ont pas peur qu’il nous arrive quelque chose, ils ont raison de pas avoir peur, y a pas grand-chose qui pourrait nous arriver ici”. 


Pour elle, “l’été à Bréhat, y a pas mieux. Parce que y a plein de gens, on peut sortir, se baigner, il fait beau… L’hiver, c’est nul, nul, nul”. Habiter sur une île fait également parler les plus curieux, qui ont parfois certains aprioris. “Askip, on est consanguins, mais pas du tout” affirme Jeanne. “Ah ouais, ça, faudrait arrêter avec ça” complète Sarah, son amie. On a récemment demandé à cette dernière si elle parlait le français. D’autres ont déjà demandé à Jeanne si elle avait des toilettes chez eux. “J’arrête pas de leur dire que j’habite pas dans une grotte”.

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Brut.