L’histoire de la poignée de main

L'historien Thomas Snégaroff nous explique comment ce geste a vu le jour.

L’histoire de la poignée de main


Thomas Snégaroff nous explique comment ce geste aujourd’hui systématique – pourtant vecteur de maladies – a vu le jour.


Saviez-vous que le check remonte aux années 60, aux États-Unis, au sein de la communauté africaine américaine ? « En réalité, ça a commencé au Vietnam. Quand les États-Unis entrent en guerre, il y a beaucoup d’Africains-Américains engagés très loin de chez eux, parfois avec des commandants et des chefs blancs hostiles. Ils développent alors un signe particulier de reconnaissance entre eux. C’est le check », explique l’historien Thomas Snégaroff. Mais geste, alternative à la poignée de main, a des origines plus anciennes.


Le check diffusé dans les années 1970


Aux États-Unis, le check s’appelle le « dap », pour « dignity and pride », dignité et fierté en français. Il y a un signe de reconnaissance dans ce geste. « Il dit : "Nous sommes loin de chez nous, je peux compter sur toi, tu peux compter sur moi, nous sommes à égalité, nous sommes frères, forts et en résistance contre les abus dont nous sommes victimes en raison de la couleur de notre peau" », analyse Thomas Snégaroff. De retour aux États-Unis, les soldats ramènent ce geste. Dans les années 1970, il se diffuse très largement.


La première poignée de main date du IXe siècle avant Jésus-Christ


La toute première poignée de main attestée par une source date du IXe siècle avant Jésus-Christ. « Salmanazar III, le roi d’Assyrie, est en permanence en guerre avec les rois babyloniens. Un jour, il sert la main d’un roi babylonien. Cette poignée de main, par la main droite – celle qui ne peut pas tenir une arme – c’est le signe de la paix, le signe de la confiance », décrypte Thomas Snégaroff.


C’est pour cela qu’en diplomatie, on continue de se serrer la main : c’est un signe de confiance réciproque. Toutefois, derrière le symbole se cachent des logiques de domination. « On pense à la poignée de main historique entre Adolf Hitler et le maréchal Pétain en 1940. Elle signifie bien sûr la paix, si vous voulez, mais elle signifie aussi qu’il y a un pays, la France, qui accepte la domination de l’autre. Donc on n’est pas forcément sur un rapport d’égalité », tempère l’historien.


Personne ne sait comment la poignée de main est devenue un bonjour traditionnel


Personne ne sait comment la poignée de main est devenue un bonjour traditionnel. Certains considèrent qu’elle trouve son origine au XVIIIe siècle aux États-Unis, chez les Quakers. Ces religieux considèrent qu’il n’existe aucune de différence entre les humains. « Pour eux, la poignée de main est le geste le plus égalitaire possible. On se sert la main, c’est donc la preuve que personne n’est au-dessus de l’autre », analyse Thomas Snégaroff.


Au début du XXème siècle, lors de la grippe espagnole, cette poignée de main est devenue si habituelle qu’elle est temporairement interdite aux États-Unis pour éviter de diffuser le virus. Thomas Snégaroff dresse un parallèle avec la situation actuelle et la pandémie de Covid-19 : « Si on ne peut plus se serrer la main, il faudra inventer autre chose. »


« La pratique de se serrer la main va peut-être disparaître »


D’autres options existent en effet : le Namasté des pays du sous-continent indien, le wai de Thaïlande… « Chez les Égyptiens, dans l’Antiquité, on ne se serrait pas la main : on pliait un peu les genoux, et on mettait les mains sur les genoux en signe de bonjour. Il y a plein de pratiques différentes ! La pratique de se serrer la main va peut-être disparaître. Ce serait une évolution intéressante, parce que ça fait plus de 3.000 ans qu’on se serre la main », considère l’historien.


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