Interview Brut : L'Algérino
Interview Brut : L'Algérino
L’auto-tune, son enfance dans les quartiers Nord, sa rencontre avec Akhenaton de IAM... Brut a rencontré L'Algérino chez lui, à Marseille.
L’Algérino, rappeur aux 6 millions d'abonnés, a grandi à Marseille, dans le quartier de La Savine. « Il y avait plein de bâtiments. Et là, y a plus rien, ils ont tout détruit. Comme le studio, il était là, on était souvent ici » se souvient L'Algérino. « On voyait pas que les conditions sociales étaient compliquées parce que, en vrai, tu es à Marseille, il fait beau, les appartements étaient bien chauffés, ils étaient grands » raconte L'Algérino. C’est en grandissant, vers la vingtaine, lorsqu’il commence à se projeter dans l’avenir, que le rappeur L'Algérino « commence à (se) poser des questions ».
« Tu as envie d'évoluer... Et quand tu veux aller travailler, c'est là que ça se complique parce que, en vrai, tu vivais un peu... On va dire un peu coupé du monde, tu es un peu en autarcie ici » explique L’Algérino. Un évènement l’a marqué dans sa jeunesse. En 1995, un jeune du quartier, Ibrahim Ali, originaire des îles Comores, se fait tuer par des colleurs d'affiches du Front national. Le drame s'était produit en pleine campagne électorale et avait soulevé une vive émotion et des manifestations dans la cité phocéenne. « C'est la première fois qu'un mec dans notre quartier qu’on connaissait est décédé. Et en plus dans des conditions tragiques. C'est un crime raciste » lance le rappeur L’Algérino.
Sa rencontre avec IAM, « le groupe qui a bercé (sa) jeunesse »
Dans son quartier de La Savine, il y avait aussi le studio de la « Soul Musical School ». « Tous les groupes de Marseille sont tous passés dans ce studio. Ils ont pratiquement tous commencé ici » explique le rappeur L’Algérino. C’est aussi à la « Soul Musical School » qu’il rencontre Akhenaton, du groupe IAM. « J’étais à la fac. Je freestylais un peu dans les radios donc mon blaze commençait un peu à tourner à Marseille. On s’est rencontrés en studio, il y a eu un très, très bon feeling et il m'a proposé de faire un album et de partir en tournée avec IAM, chose qui était extraordinaire pour moi. IAM c’était juste le groupe qui a bercé ma jeunesse » se souvient le rappeur L’Algérino. L’Algérino sort ensuite, avec IAM, « Les derniers seront les premiers », en 2005.
Sa plus grande fierté dans la musique, c’est lorsqu’il retrouve des sonorités un peu comme les siennes chez d’autres artistes, « c'est-à-dire avoir une identité musicale » ajoute L’Algérino. Pour lui, l’auto-tune « c’est un instrument, tout le monde l’utilise (…) ça fait partie de la musique au même titre qu’une guitare, qu’une basse, qu'un beat… »
« Dans les quartiers, il y a aussi des gens qui vont à l’école »
L’Algérino avoue être très, très nostalgique de ses années lycées, qu’il a passées au lycée Saint-Exupéry de Marseille. « J'ai presque regretté d'avoir eu le bac du premier coup » lance L’Algérino. Bon en maths, il suit une filière scientifique et souhaite faire de longues études, sans vraiment savoir ce qu’il veut faire. « Et après, rien à voir ! J'ai bifurqué dans le rap. On a ce cliché de quartier où... soit tu es artiste, tu cartonnes, tu gagnes ta vie, soit tu es footballeur, t'es une star, tu gagnes ta vie ou soit t'es vendeur de drogues ici et là. Non, dans les quartiers, il y a aussi des gens qui vont à l'école, qui font des études » conclut le rappeur L’Algérino.