Tête-à-tête avec Ed Sheeran

"Si vous étiez rentré dans ma classe quand j'avais 9 ans, en vous demandant 'lequel de ces gamins rappera avec Eminem et 50 Cent dans 15 ans ?', vous n'auriez jamais misé sur moi." La mort de son meilleur ami, son nouvel album Subtract, la créativité et sa santé mentale… Ed Sheeran a répondu aux questions de Brut.
Publié le
29
/
08
/
2024

Quel est le dernier album d’Ed Sheeran ? 

Si Ed Sheeran devait décrire en quelques mots son dernier album, Subtract, sorti le 5 mai, son sixième opus serait un mélange de thématiques très fortes : le deuil, la peur, la dépression, l'anxiété, mais aussi l'espoir. “Je pense que c'est la meilleure manière de le décrire. C'est un état d'esprit. Tous mes précédents albums... Dans l'un d'eux, on a Shape of You juste avant Perfect, on passe de là à là, ça part dans tous les sens. Mais Subtract, c'est une unité. Vous entrez dans un univers au début et vous en sortez à la fin”, explique l’auteur-compositeur-interprète. 

Une vie : Ed Sheeran


Pour lui, ce dernier album aborde des thèmes plus adultes qui représentent sa vie et son état d'esprit aujourd'hui. “J'ai fait Plus quand j'avais 17, 18 ans. C'est un album d'amour adolescent. Et j'ai écrit Subtract à 31 ans, en dépression, en deuil et effrayé. Ce sont clairement des thèmes plus adultes. Je ne dirais pas qu'il est plus sombre. C'est juste ce que vivent les adultes”. Car pour cet album, comme pour tous les précédents, chaque opus reflète une période de sa vie. “Je ne peux pas ne pas parler de ma vie dans mes chansons, sinon, je ne m'identifie pas. Il faut que ça me touche”, enchaîne l’artiste


“La musique est une thérapie pour tout le monde”

Pour l’artiste, composer des chansons est particulièrement thérapeutique car l’écriture lui permet de poser sur le papier des pensées et des mots qui lui seraient peut-être difficiles d’exprimer autrement. “Quand on met ses mots en musique, on peut exprimer ses pensées les plus sombres et en faire quelque chose de beau. Je crois qu'aucun grand album n'a été écrit pendant une période heureuse de la vie de son auteur. C'est ce que je pense. Je crois que tous les grands albums sont nés d'une forme de tension dans la vie de l'artiste”, explique l’artiste.


Malgré l’écriture qu’il dit avoir été une thérapie, il explique que cela ne l’a pas aidé à accepter le deuil de son meilleur ami. “Ça ne fait que remuer les souvenirs. Donc je vous répondrai dans quelques années, quand ce sera terminé. Mais en tout cas, c'est une bonne chose d'en parler, ça m'a aidé à m'ouvrir à mes amis et à ma famille, et à aider des proches qui ont vécu des choses similaires à s'ouvrir aussi. Donc je pense que c'est une bonne chose. Mais je ne sais pas encore si ça m'a aidé”. De cette période, il retient qu’aucune année n’est parfaite pour personne ni entièrement mauvaise et qu’il y aura toujours de l’ombre et de la lumière. 

La vérité sur Ed Sheeran


Face à cette phase, le chanteur anglais révèle aussi les bons côtés : la naissance de sa deuxième fille, sa tournée, son album mais aussi sa façon de montrer sa vulnérabilité. “Je ne le faisais pas vraiment. J’écrivais des chansons et, parfois, les gens devinaient des choses. Je crois que ça a vraiment été le fait de suivre une thérapie et d'être obligé de parler qui m'a fait me sentir mieux. Et ensuite, parler à mes amis, me confier à eux m'a aussi aidé. Je pense que le fait d'apprendre à me livrer m'a aidé à me sentir moins seul. Et j'ai reçu des e-mails de beaucoup de personnes que j'ai connues dans ma vie, qui m'ont raconté des choses sur eux dont je n'avais aucune idée, avant de me confier moi-même. Et je trouve ça bien, c'est important de parler et de savoir ce qu'il se passe dans la vie des gens. Parce qu'on ne sait jamais. On peut être en train de parler avec un ami qui passe peut-être la pire journée ou la pire semaine de sa vie sans le savoir Ça m'a aidé à voir que tout le monde vit les mêmes choses”, raconte le chanteur. 

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Créer le lien avec son public

Cette année, le chanteur anglais n’a donné que 5 concerts en Europe dont 4 au Royaume-Uni et un à Paris, qui s’est tenu le dimanche 2 avril à l’Accor Arena. Dans son interview, Ed Sheeran évoque également ses concerts, qui malgré des milliers de personnes, restent intimistes. “Je pense qu'au fil du temps, à force de sortir des chansons, on gagne le droit de demander l'attention du public. Je sors des hits depuis 13 ans. Alors je peux commencer un concert par des gros tubes que tout le monde aime, et puis glisser des morceaux comme Boat ou Eyes Closed, en disant que c'est une chanson de mon nouvel album qui compte beaucoup pour moi. Avec ça, les gens se sentent connectés à vous, parce qu'on a partagé un moment au début où on s'amusait tous ensemble. J'ai commencé à me produire sur scène à 15 ans, j'en ai 32, donc ça fait 17 ans que j'apprends à gérer un public”, raconte le chanteur.

Les vertus thérapeutiques de la musique


Pour lui, Paris est le public qui lui convient le mieux. “J'ai l'impression que je vais passer pour un hypocrite mais sincèrement, le concert d'hier, à l'Accor Arena, était l'un des meilleurs de ma vie, et le public parisien ne fait que s'améliorer à chaque fois”. L’artiste explique pourtant que le public n’était pas au rendez-vous à ses débuts, lors de la sortie de son tout premier album. “Ça a pris plus de temps. Ce n'est qu'avec mon deuxième album que j'ai commencé à intéresser les gens. On m'avait toujours dit que je ne percerais jamais en France. Je suis vraiment honoré d'avoir été admis dans votre cercle. C'est génial”, ajoute Ed Sheeran. 

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