Marine Leleu fait un triathlon les yeux bandés
Le triathlon de Paris dans les conditions d'un aveugle (avec Marine Leleu)
La sportive Marine Leleu a participé au triathlon de Paris en se mettant dans les conditions d’une personne aveugle. Le but ? Montrer que « le sport, c’est avant tout du partage, du dépassement de soi, que c’est pour tout le monde et surtout, peu importe son physique ».
Équipée de lunettes de piscine noires opaques, Marine Leleu ne voit plus rien. « J’entends des bruits qui sont démultipliés, j’entends le bruit des voitures et j’ai l’impression qu’elles sont toutes proches. J’entends la musique derrière et je sens beaucoup le sol aussi par terre. Là, je sais qu’on est repassés sur du dur » décrit Marine Leleu.
L’épreuve du triathlon de Paris consiste en un 500 mètres de natation dans le bassin de la Villette, puis 20 kilomètres de vélo en passant par la place de la République et 5 kilomètres de course à pied pour finir.
Marine Leleu réalise ce défi avec un guide, Julien Hervio. Julien Hervio est actuellement guide pour Arnaud Grandjean qui fait partie de l’équipe de France de paratriathlon. En natation, la personne aveugle est liée à son guide par un lien qui « va donner la possibilité d’avoir des informations » explique Julien Hervio. « Si j’ai envie d’aller à gauche, je tire un peu plus sur le lien avec la jambe, si j’ai envie d’aller à droite, je viens me serrer un peu plus contre toi » explique le guide Julien Hervio à Marine Leleu.
Mais ce lien n’est pas infaillible : « La difficulté va être que les gens ne soient pas au courant qu’il y a un lien entre nous deux, certaines personnes vont vouloir nous doubler en passant juste entre nous deux. Et donc se faire arracher le lien serait vraiment… Pas cool du tout » explique Julien Hervio.
Pour le vélo, le duo fait l’épreuve en tandem. Et le plus difficile dans le tandem, c’est le départ, puis la cohésion : « Il faut pédaler, mais faut être très souple, c’est comme une moto, il ne faut pas aller contre ce que veut faire le guide » décrit le guide Julien Hervio.
En course à pied, le guide ne doit pas être plus fort que l’athlète, mais il doit pouvoir parler, pour informer de n’importe quel obstacle ou indiquer les directions. « Plus la personne est handicapée visuellement, plus il faut être le plus proche possible pour qu’il y ait plus de sensations et de communication par rapport à ce lien » explique le guide Julien Hervio.
Le paratriathlon a fait son entrée aux Jeux paralympiques lors des Jeux de 2016. « Très vite ça a cartonné. La particularité du paratriathlon, c'est qu'il est géré par directement la Fédération française de triathlon, c'est-à-dire qu'elle s'est ouverte aux personnes handicapées » raconte Laetitia Bernard, journaliste sportive pour Radio France.
« Tous les déficients visuels que je croise, ils sont en train de se mettre plus ou moins au triathlon. On ne jure que par le paratriathlon aujourd’hui, c'est assez rigolo » ajoute Laetitia Bernard.
Mais pour une personne aveugle, s’entraîner au triathlon demande beaucoup plus d’organisation : « Il faut trouver la personne pour vous accompagner ou le créneau ou la salle de sport ou la piscine sera un peu dispo, parce que quand il y a beaucoup de monde ce n'est pas facile… Ou les coachs qui prendront le temps de bien vous expliquer les exercices parce que quand on vous montre vous ne le voyez pas » énumère la journaliste Laetitia Bernard.
« Le paratriathlon, c’est vraiment un chemin de vie. On peut dire que voilà, ils ont pris le dessus. Peu importe les chronos qu’ils vont faire derrière, ils sont capables de faire quelque chose que la plupart des gens n’imaginent pas faire » résume Nicolas Becker, entraîneur national élite paralympique.