Il anime des ateliers pour lutter contre le harcèlement scolaire

"On perd cet esprit d'empathie, de se dire : est-ce que cette personne est réellement mal ou pas ?" Yannick passe dans les écoles où, avec ses mises en situation, il tente de développer l'empathie entre les élèves. La faculté de se mettre à la place de l'autre représente souvent le premier frein au harcèlement. On a suivi un de ses ateliers avec des collégiens.
Publié le
17
/
07
/
2024

La mise en scène des "Trois Mousquetaires" pour tester l'empathie


Yannick, animateur de l'association Génération numérique, explique : "On va faire une petite expérience qui s'appelle Trois mousquetaires. Grâce à ceci, je vais pouvoir carrément voir l'ambiance de la classe." Il demande à trois élèves de jouer des rôles spécifiques - l'un tendant les bras avec une charge, l'autre en position de chaise inconfortable, et le dernier libre d'agir. Yannick prétend alors avoir "oublié" les autres élèves, les traitant comme de simples spectateurs. Cette mise en scène vise à observer leurs réactions : aideront-ils spontanément leurs camarades en difficulté ou resteront-ils passifs ?

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Lors de l'atelier, aucun élève n'est venu en aide à ses camarades malgré leur inconfort évident. Certains se sont même moqués d'eux. "Vous avez tous rigolé", constate Yannick avec déception. Ce comportement illustre le rôle des "autres" dans la dynamique du harcèlement - ceux qui, par leur inaction et leur complaisance, permettent à la situation d'escalader. "Vous ne faites rien, vous êtes les autres. Aucun ne s’est levé pour aller aider l’un des deux", souligne l'animateur.

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Développer les réflexes d'empathie dès le plus jeune âge


Selon Yannick, "on perd cet esprit d'empathie, de se dire : est-ce que cette personne est réellement mal ou pas ?" Il est crucial d'apprendre aux enfants à être attentifs aux signes de détresse chez les autres et à réagir en conséquence, ne serait-ce qu'en en parlant à un adulte. "Juste le fait de dire 'madame, il se passe ça', c'est réagir", insiste-t-il. En développant ces réflexes dès le plus jeune âge, on peut briser le cycle du harcèlement et de l'indifférence qui l'alimente souvent.

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De nombreuses associations se mobilisent pour lutter contre le harcèlement scolaire en France. L'une d'entre elles, Nora Fraisse, anime des ateliers de sensibilisation dans les écoles, collèges et lycées. Son association porte le nom de Marion La Main Tendue et a été créée suite au suicide de sa fille, Marion, 13 ans, harcelée par ses camarades. A travers les différentes associations en France, des ateliers visent à éduquer les élèves sur les différentes formes de harcèlement, du harcèlement verbal au cyberharcèlement. Les élèves sont encouragés à reconnaître les situations à risque et à réagir de manière appropriée, que ce soit en tant que victime ou témoin. 

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Le manque d'empathie et la complaisance face au harcèlement


Le harcèlement scolaire reste malheureusement un fléau très répandu en France, touchant de nombreux enfants et jeunes. C'est pourquoi le gouvernement a annoncé en 2021 un plan interministériel de lutte contre ce phénomène. Comme l'a souligné Emmanuel Macron : "Le harcèlement scolaire peut avoir des conséquences dramatiques sur les victimes et leur entourage. Nous devons unir nos forces pour le combattre et protéger nos enfants." Parmi les mesures phares, on trouve la mise en place d'une plateforme de signalement en ligne anonyme et confidentielle, ainsi qu'un renforcement de la formation des équipes éducatives.

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