
Cette vidéo sera publiée prochainement
Mali, Burkina, Guinée : trois putschistes de la même génération
Qui sont ces trois putschistes ?
Mamadi Doumbouya, 43 ans, est un ancien légionnaire de l'armée française, colonel dans l'armée guinéenne, commandant du groupement des forces spéciales. Ibrahim Traoré, 35 ans, a été formé à l'Académie militaire Georges Namouane-Odepo. Il est capitaine dans l'armée burkinabée. Enfin, Assimi Goïta, 40 ans, formé au prytanée militaire de Kati, est colonel dans l'armée malienne et commandant dans les forces spéciales maliennes. Ils sont trois, de la même génération et ont chacun fait un coup d'État dans leur pays. Trois militaires qui dirigent un gouvernement de transition et qui, à terme, doivent organiser des élections. Mais la question que tout le monde se pose aujourd'hui est-ce qu'ils vont y arriver et surtout, est-ce qu'ils le feront? Par définition, comme le dit le président malien, une transition est courte. Goïta, Doumbouya et Traoré ont dévoilé des chronogrammes et promis des élections en 2024.
Pour Gilles Yabi, président du think tank WATHI, “aujourd'hui, on est dans des transitions qui sont délicates, qui sont indéterminées. Dans les trois pays, on a beaucoup de mal à avancer dans le calendrier des réformes institutionnelles. Il y a très peu de consensus, en fait, politique, interne, pour avancer.” Arthur Banga, maître de conférence à l'université Houphouët-Boigny d’Abidjan, explique “qu’ils ne prennent pas le chemin. Au Mali, il y a une constitution qui a été taillée sur mesure. En Guinée, il y a encore une hésitation sur la suite. Au Burkina Faso, la dernière fois qu'il a fait une interview, il a déclaré que les conditions pour les élections ne sont pas prêtes. D'ailleurs, on le voit très bien par le passé, quand on avait la pression de la CEDEAO et des militaires qui devaient passer le pouvoir, ils faisaient des transitions d'un an, juste un maximum. On a encore en tête ces genres de transitions. Mais quand la transition s'allonge, c'est sûr que le détenteur du pouvoir n'entend pas le laissez-faire.”
Mamadou Konaté, ancien ministre de la Justice Conkry, n’y croit pas non plus : “Je n'y crois pas, tout comme je ne crois pas au Burkina Faso, tout comme je ne crois pas en Guinée-Conakry dans un contexte comme celui-ci. Il ne peut pas y avoir d'élection sans que l'on soit rassuré de ce que l'élection peut communément et instantanément être organisée sur le territoire national et l'aspect sécuritaire est un sujet.”
Le point sur la situation au Niger depuis 2 semaines
Amzat Boukari-Yabara, historien et auteur de Africa Unite, explique en opposition qu’il pourrait y arriver avec des volontés de régulation. “Il y a des politiques, des civils qui participent dans les trois pays aux efforts de la transition. Donc on n'est pas dans un système de junte. Ce n'est pas le Nigeria du début des années 90. Donc les concepts de junte, de putschistes sont là aussi à relativiser puisqu'il y a une participation de la société civile. Certes, les activités politiques sont très limitées voire interdites, mais il s'agit selon moi de mettre en avant la recherche d'un nouveau modèle. Cela passera sans doute par des formes d'États généraux, de conférences nationales, de référendums constitutionnels, au cours desquels les populations seront amenées à se prononcer.” Pour y arriver, ces militaires ont un atout majeur, l'aspiration profonde de la jeunesse au changement. Et aujourd'hui, ce que cette jeunesse demande clairement, c'est le développement et l'indépendance véritable, notamment vis-à-vis de la France. Il poursuit : “Le Burkina Faso avec Thomas Sankara, le Mali avec Modibo Keita, la Guinée avec Sékou Touré ont tous une histoire de la souveraineté, de la recherche de la véritable indépendance ou de la seconde indépendance. Donc on est quand même dans des pays qui ont une tradition de revendication de leur souveraineté dans des pays qui veulent être respectés, qui veulent être reconnus pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire des états libres, indépendants et souverains.”
Arthur Banga indique que “les partis politiques sont interdits, les syndicats sont interdits. En termes de gouvernance, c'est la catastrophe qu'on voit dans ces pays-là. Donc on me dit que ce coup d'État a failli évoluer la gouvernance. Quelle est la gouvernance ? Comment ? Au contraire. On voit très bien qu'il n'y a pas de gouvernance dans ces pays qui sont victimes de putschs.”
Qui sont les alliés de ces militaires ?
Pour Francis Laloupo, journaliste, essayiste, “tout cela crée évidemment aujourd'hui une situation assez étrange où on voit des pouvoirs militaires portés aux nues par la rue, considérés comme étant une réponse à des aspirations nouvelles, qui sont des aspirations assez confuses d'ailleurs, où se bousculent à la fois un sentiment de souverainisme, une volonté de rompre ce qui est considéré comme un lien, un cordon ombilical avec l'ancienne puissance coloniale, et puis une revendication de nouveaux partenariats avec la Russie, pour dire les choses très clairement. Un besoin, je dirais, d'une adhésion argumentée à la Russie, mais un besoin, je dirais, d'instrumentaliser même la Russie, pour pouvoir contester le partenaire traditionnel qu'est la France.”
Arthur Banga ajoute qu’aujourd’hui, “leurs alliés, surtout pour le Mali, c'est clair, c'est la Russie, ils ne s'en cachent pas, à travers principalement le groupe Wagner, voilà, ils essaient d'aller vers ce chemin diplomatique. La Guinée est quand même dans un style relativement différent. Elle n'est pas rentrée dans une diatribe, elle essaie de garder les liens d'une manière ou d'une autre avec la CEDEAO."
Avec des relations tumultueuses avec la France, tendues avec la CEDEAO, les trois leaders ouest-africains doivent trouver des alternatives. L'idée d'une fédération entre les trois pays a été à un moment largement commentée sur les réseaux sociaux. Le Mali, le Burkina Faso et la Guinée auront en tout cas prouvé avec le coup d'État au Niger qu'ils seraient prêts à allier leurs forces. Ils ont officiellement affiché leur soutien au pouvoir militaire au Niger et ont même mis en garde la CEDEAO contre toute tentative d'intervention armée.
Mali, Burkina, Guinée : trois putschistes de la même génération
Qui sont ces trois putschistes ?
Mamadi Doumbouya, 43 ans, est un ancien légionnaire de l'armée française, colonel dans l'armée guinéenne, commandant du groupement des forces spéciales. Ibrahim Traoré, 35 ans, a été formé à l'Académie militaire Georges Namouane-Odepo. Il est capitaine dans l'armée burkinabée. Enfin, Assimi Goïta, 40 ans, formé au prytanée militaire de Kati, est colonel dans l'armée malienne et commandant dans les forces spéciales maliennes. Ils sont trois, de la même génération et ont chacun fait un coup d'État dans leur pays. Trois militaires qui dirigent un gouvernement de transition et qui, à terme, doivent organiser des élections. Mais la question que tout le monde se pose aujourd'hui est-ce qu'ils vont y arriver et surtout, est-ce qu'ils le feront? Par définition, comme le dit le président malien, une transition est courte. Goïta, Doumbouya et Traoré ont dévoilé des chronogrammes et promis des élections en 2024.
Pour Gilles Yabi, président du think tank WATHI, “aujourd'hui, on est dans des transitions qui sont délicates, qui sont indéterminées. Dans les trois pays, on a beaucoup de mal à avancer dans le calendrier des réformes institutionnelles. Il y a très peu de consensus, en fait, politique, interne, pour avancer.” Arthur Banga, maître de conférence à l'université Houphouët-Boigny d’Abidjan, explique “qu’ils ne prennent pas le chemin. Au Mali, il y a une constitution qui a été taillée sur mesure. En Guinée, il y a encore une hésitation sur la suite. Au Burkina Faso, la dernière fois qu'il a fait une interview, il a déclaré que les conditions pour les élections ne sont pas prêtes. D'ailleurs, on le voit très bien par le passé, quand on avait la pression de la CEDEAO et des militaires qui devaient passer le pouvoir, ils faisaient des transitions d'un an, juste un maximum. On a encore en tête ces genres de transitions. Mais quand la transition s'allonge, c'est sûr que le détenteur du pouvoir n'entend pas le laissez-faire.”
Mamadou Konaté, ancien ministre de la Justice Conkry, n’y croit pas non plus : “Je n'y crois pas, tout comme je ne crois pas au Burkina Faso, tout comme je ne crois pas en Guinée-Conakry dans un contexte comme celui-ci. Il ne peut pas y avoir d'élection sans que l'on soit rassuré de ce que l'élection peut communément et instantanément être organisée sur le territoire national et l'aspect sécuritaire est un sujet.”
Le point sur la situation au Niger depuis 2 semaines
Amzat Boukari-Yabara, historien et auteur de Africa Unite, explique en opposition qu’il pourrait y arriver avec des volontés de régulation. “Il y a des politiques, des civils qui participent dans les trois pays aux efforts de la transition. Donc on n'est pas dans un système de junte. Ce n'est pas le Nigeria du début des années 90. Donc les concepts de junte, de putschistes sont là aussi à relativiser puisqu'il y a une participation de la société civile. Certes, les activités politiques sont très limitées voire interdites, mais il s'agit selon moi de mettre en avant la recherche d'un nouveau modèle. Cela passera sans doute par des formes d'États généraux, de conférences nationales, de référendums constitutionnels, au cours desquels les populations seront amenées à se prononcer.” Pour y arriver, ces militaires ont un atout majeur, l'aspiration profonde de la jeunesse au changement. Et aujourd'hui, ce que cette jeunesse demande clairement, c'est le développement et l'indépendance véritable, notamment vis-à-vis de la France. Il poursuit : “Le Burkina Faso avec Thomas Sankara, le Mali avec Modibo Keita, la Guinée avec Sékou Touré ont tous une histoire de la souveraineté, de la recherche de la véritable indépendance ou de la seconde indépendance. Donc on est quand même dans des pays qui ont une tradition de revendication de leur souveraineté dans des pays qui veulent être respectés, qui veulent être reconnus pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire des états libres, indépendants et souverains.”
Arthur Banga indique que “les partis politiques sont interdits, les syndicats sont interdits. En termes de gouvernance, c'est la catastrophe qu'on voit dans ces pays-là. Donc on me dit que ce coup d'État a failli évoluer la gouvernance. Quelle est la gouvernance ? Comment ? Au contraire. On voit très bien qu'il n'y a pas de gouvernance dans ces pays qui sont victimes de putschs.”
Qui sont les alliés de ces militaires ?
Pour Francis Laloupo, journaliste, essayiste, “tout cela crée évidemment aujourd'hui une situation assez étrange où on voit des pouvoirs militaires portés aux nues par la rue, considérés comme étant une réponse à des aspirations nouvelles, qui sont des aspirations assez confuses d'ailleurs, où se bousculent à la fois un sentiment de souverainisme, une volonté de rompre ce qui est considéré comme un lien, un cordon ombilical avec l'ancienne puissance coloniale, et puis une revendication de nouveaux partenariats avec la Russie, pour dire les choses très clairement. Un besoin, je dirais, d'une adhésion argumentée à la Russie, mais un besoin, je dirais, d'instrumentaliser même la Russie, pour pouvoir contester le partenaire traditionnel qu'est la France.”
Arthur Banga ajoute qu’aujourd’hui, “leurs alliés, surtout pour le Mali, c'est clair, c'est la Russie, ils ne s'en cachent pas, à travers principalement le groupe Wagner, voilà, ils essaient d'aller vers ce chemin diplomatique. La Guinée est quand même dans un style relativement différent. Elle n'est pas rentrée dans une diatribe, elle essaie de garder les liens d'une manière ou d'une autre avec la CEDEAO."
Avec des relations tumultueuses avec la France, tendues avec la CEDEAO, les trois leaders ouest-africains doivent trouver des alternatives. L'idée d'une fédération entre les trois pays a été à un moment largement commentée sur les réseaux sociaux. Le Mali, le Burkina Faso et la Guinée auront en tout cas prouvé avec le coup d'État au Niger qu'ils seraient prêts à allier leurs forces. Ils ont officiellement affiché leur soutien au pouvoir militaire au Niger et ont même mis en garde la CEDEAO contre toute tentative d'intervention armée.
Mali, Burkina, Guinée : trois putschistes de la même génération
Qui sont ces trois putschistes ?
Mamadi Doumbouya, 43 ans, est un ancien légionnaire de l'armée française, colonel dans l'armée guinéenne, commandant du groupement des forces spéciales. Ibrahim Traoré, 35 ans, a été formé à l'Académie militaire Georges Namouane-Odepo. Il est capitaine dans l'armée burkinabée. Enfin, Assimi Goïta, 40 ans, formé au prytanée militaire de Kati, est colonel dans l'armée malienne et commandant dans les forces spéciales maliennes. Ils sont trois, de la même génération et ont chacun fait un coup d'État dans leur pays. Trois militaires qui dirigent un gouvernement de transition et qui, à terme, doivent organiser des élections. Mais la question que tout le monde se pose aujourd'hui est-ce qu'ils vont y arriver et surtout, est-ce qu'ils le feront? Par définition, comme le dit le président malien, une transition est courte. Goïta, Doumbouya et Traoré ont dévoilé des chronogrammes et promis des élections en 2024.
Pour Gilles Yabi, président du think tank WATHI, “aujourd'hui, on est dans des transitions qui sont délicates, qui sont indéterminées. Dans les trois pays, on a beaucoup de mal à avancer dans le calendrier des réformes institutionnelles. Il y a très peu de consensus, en fait, politique, interne, pour avancer.” Arthur Banga, maître de conférence à l'université Houphouët-Boigny d’Abidjan, explique “qu’ils ne prennent pas le chemin. Au Mali, il y a une constitution qui a été taillée sur mesure. En Guinée, il y a encore une hésitation sur la suite. Au Burkina Faso, la dernière fois qu'il a fait une interview, il a déclaré que les conditions pour les élections ne sont pas prêtes. D'ailleurs, on le voit très bien par le passé, quand on avait la pression de la CEDEAO et des militaires qui devaient passer le pouvoir, ils faisaient des transitions d'un an, juste un maximum. On a encore en tête ces genres de transitions. Mais quand la transition s'allonge, c'est sûr que le détenteur du pouvoir n'entend pas le laissez-faire.”
Mamadou Konaté, ancien ministre de la Justice Conkry, n’y croit pas non plus : “Je n'y crois pas, tout comme je ne crois pas au Burkina Faso, tout comme je ne crois pas en Guinée-Conakry dans un contexte comme celui-ci. Il ne peut pas y avoir d'élection sans que l'on soit rassuré de ce que l'élection peut communément et instantanément être organisée sur le territoire national et l'aspect sécuritaire est un sujet.”
Le point sur la situation au Niger depuis 2 semaines
Amzat Boukari-Yabara, historien et auteur de Africa Unite, explique en opposition qu’il pourrait y arriver avec des volontés de régulation. “Il y a des politiques, des civils qui participent dans les trois pays aux efforts de la transition. Donc on n'est pas dans un système de junte. Ce n'est pas le Nigeria du début des années 90. Donc les concepts de junte, de putschistes sont là aussi à relativiser puisqu'il y a une participation de la société civile. Certes, les activités politiques sont très limitées voire interdites, mais il s'agit selon moi de mettre en avant la recherche d'un nouveau modèle. Cela passera sans doute par des formes d'États généraux, de conférences nationales, de référendums constitutionnels, au cours desquels les populations seront amenées à se prononcer.” Pour y arriver, ces militaires ont un atout majeur, l'aspiration profonde de la jeunesse au changement. Et aujourd'hui, ce que cette jeunesse demande clairement, c'est le développement et l'indépendance véritable, notamment vis-à-vis de la France. Il poursuit : “Le Burkina Faso avec Thomas Sankara, le Mali avec Modibo Keita, la Guinée avec Sékou Touré ont tous une histoire de la souveraineté, de la recherche de la véritable indépendance ou de la seconde indépendance. Donc on est quand même dans des pays qui ont une tradition de revendication de leur souveraineté dans des pays qui veulent être respectés, qui veulent être reconnus pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire des états libres, indépendants et souverains.”
Arthur Banga indique que “les partis politiques sont interdits, les syndicats sont interdits. En termes de gouvernance, c'est la catastrophe qu'on voit dans ces pays-là. Donc on me dit que ce coup d'État a failli évoluer la gouvernance. Quelle est la gouvernance ? Comment ? Au contraire. On voit très bien qu'il n'y a pas de gouvernance dans ces pays qui sont victimes de putschs.”
Qui sont les alliés de ces militaires ?
Pour Francis Laloupo, journaliste, essayiste, “tout cela crée évidemment aujourd'hui une situation assez étrange où on voit des pouvoirs militaires portés aux nues par la rue, considérés comme étant une réponse à des aspirations nouvelles, qui sont des aspirations assez confuses d'ailleurs, où se bousculent à la fois un sentiment de souverainisme, une volonté de rompre ce qui est considéré comme un lien, un cordon ombilical avec l'ancienne puissance coloniale, et puis une revendication de nouveaux partenariats avec la Russie, pour dire les choses très clairement. Un besoin, je dirais, d'une adhésion argumentée à la Russie, mais un besoin, je dirais, d'instrumentaliser même la Russie, pour pouvoir contester le partenaire traditionnel qu'est la France.”
Arthur Banga ajoute qu’aujourd’hui, “leurs alliés, surtout pour le Mali, c'est clair, c'est la Russie, ils ne s'en cachent pas, à travers principalement le groupe Wagner, voilà, ils essaient d'aller vers ce chemin diplomatique. La Guinée est quand même dans un style relativement différent. Elle n'est pas rentrée dans une diatribe, elle essaie de garder les liens d'une manière ou d'une autre avec la CEDEAO."
Avec des relations tumultueuses avec la France, tendues avec la CEDEAO, les trois leaders ouest-africains doivent trouver des alternatives. L'idée d'une fédération entre les trois pays a été à un moment largement commentée sur les réseaux sociaux. Le Mali, le Burkina Faso et la Guinée auront en tout cas prouvé avec le coup d'État au Niger qu'ils seraient prêts à allier leurs forces. Ils ont officiellement affiché leur soutien au pouvoir militaire au Niger et ont même mis en garde la CEDEAO contre toute tentative d'intervention armée.