Discriminations religieuses : La Défenseure des droits appelle à une "prise de conscience" face à des chiffres en augmentation

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Les discriminations liées à la religion augmentent en France, notamment envers les musulmans, selon un rapport publié jeudi par la Défenseure des droits. La Défenseure souligne aussi une "interprétation erronée de la laïcité", que 24% des sondés comprennent comme "une interdiction des signes religieux dans l’espace public".
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Les discriminations liées à la religion augmentent en France, notamment envers les musulmans, selon un rapport publié jeudi par la Défenseure des droits, qui appelle à une "prise de conscience" sur le sujet.

Ces discriminations sont "trop souvent invisibilisées, voire banalisées, sous l’effet de discours stigmatisants visant certaines communautés religieuses", affirme le rapport, qui détaille l'enquête "Accès aux droits" menée en 2024 auprès de plus de 5 000 personnes.

34% chez les personnes musulmanes

Dans cette enquête, 7% des sondés déclarent avoir fait l'objet de discriminations fondées sur la religion au cours des cinq dernières années, contre 5% en 2016. Le taux monte à 34% chez les personnes musulmanes ou perçues comme telles (27% en 2016) contre 4% pour celles de religion chrétienne (2% en 2016).

Et "la visibilité de l'appartenance à une religion apparaît déterminante", puisque 15% des personnes portant un signe religieux ont fait état de discriminations. Les femmes musulmanes sont ainsi 38% à faire état de discriminations (contre 31% des hommes de la même religion).

A ces discriminations "s'ajoutent des atteintes aux droits", ce qui, selon la Défenseure des droits, Claire Hédon, provoque "des effets dévastateurs sur les victimes" -- anxiété, sentiment de rejet, isolement, fragilité économique...

"Alimenter" le communautarisme

D'où un "paradoxe" relevé par le rapport : "les règles ou pratiques censées lutter contre le 'séparatisme' et le 'communautarisme' peuvent, en réalité, contribuer à l’alimenter". S'il veut avant tout "rappeler le droit", ce rapport veut participer à une "nécessaire prise de conscience institutionnelle des discriminations fondées sur la religion".

Le rapport note une "imbrication" des motifs "religion" et "origine" dans les discriminations. Ainsi "les personnes qui pensent être perçues comme 'arabes' déclarent bien plus souvent que les autres avoir été discriminées en raison de leur religion" réelle ou supposée, à 41% au total.

La Défenseure souligne aussi une "interprétation erronée de la laïcité", que 24% des sondés comprennent comme "une interdiction des signes religieux dans l’espace public". Elle appelle à des "mesures ambitieuses" de sensibilisation et de formation, notamment à l'école.

"Un enseignement dédié à la laïcité dès le niveau élémentaire permettrait, dès le plus jeune âge, une meilleure compréhension" de ce principe et donc "des droits de chacun et de leurs limites", ajoute-t-elle.

Car la Défenseure l'affirme : la lutte contre les discriminations fondées sur la religion "n’est pas seulement une exigence juridique" mais "conditionne la préservation de la cohésion sociale".

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