Fillette à vélo tuée : 4 ans de prison avec sursis pour la conductrice octogénaire

Crédit : mnirat / Adobe Stock
Une conductrice octogénaire qui avait percuté mortellement une fillette à vélo, à La Rochelle en 2024, a été condamnée mardi à quatre ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel pour homicide involontaire aggravé.
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Le 5 juin 2024, cette ancienne vendeuse de 83 ans, aujourd'hui veuve, a emprunté à contre-sens une voie limitée à 30 km/h, avant de percuter frontalement un groupe de douze enfants roulant à vélo. 

Une fillette de dix ans a succombé à ses blessures deux jours plus tard et six enfants ont été blessés. L'octogénaire, contrôlée négativement à l'alcool et aux stupéfiants, avait continué sa route, avant que des témoins ne parviennent à l'arrêter.

Le tribunal a suivi les peines requises par la procureure, prononçant également l'annulation du permis de la conductrice, une interdiction de le repasser pendant cinq ans et une contravention de 200 euros.

Elle a en outre été condamnée à indemniser les parties civiles à hauteur de plusieurs dizaines de milliers d'euros, en attendant une audience pour les intérêts civils le 4 décembre. 

Absente mardi, la conductrice octogénaire avait tenu à l'audience, le 1er juillet, des propos confus et souvent dénués d'émotion, disant seulement avoir fait un "malaise" et ne se souvenir de rien, avant, en toute fin d'audience, de présenter, en larmes, ses excuses aux victimes.

Dans son jugement, le tribunal a noté que la prévenue avait "décidé de conduire malgré plusieurs malaises récents et des traitements médicaux".

Délit de fuite retenu

"Sans les fautes d'imprudences caractérisées, l'accident aurait été évité", ajoute le tribunal selon un extrait de la décision lu à l'audience par son président.

"Seule l'intervention de témoins a mis fin à la fuite", estime-t-il encore alors que la procureure n'avait pas retenu le délit de fuite.

Me Vincent Julé-Parade, l'avocat de la famille de la fillette décédée, a jugé "logique" que ce soit retenu comme circonstance aggravante, car "il est évident que cette conductrice n'est revenue sur place que parce que les témoins se sont mis en travers de sa route pour l'arrêter et l'ont contrainte à faire demi-tour"

"Il y a un peu moins de colère du fait que le délit de fuite ait été réellement reconnu", a déclaré la mère de la victime, Camille Paineau. "Malheureusement, ce n'est pas une peine qui changera quoi que ce soit. Il me manque ma fille."

"J'espère vraiment que les législateurs vont comprendre qu'on a besoin d'un cadre juridique pour empêcher les personnes inaptes de conduire et de mettre en danger la vie d'autrui sur la route", a ajouté cette enseignante et doctorante, membre de "Sauver des vies c'est permis".

Avec ce collectif, incarné par la sportive paralympique Pauline Déroulède, qui a perdu sa jambe, percutée par un nonagénaire ayant confondu la pédale de frein avec celle de l'accélérateur, elle milite pour faire voter une proposition de loi visant à imposer des visites médicales d'aptitude à la conduite. Le texte n'est pas encore à l'étude au Parlement.

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