Bétharram : de nouvelles plaintes déposées, un "manque de moyens" pour l'enquête déploré

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Le collectif des victimes de Bétharram a déposé mercredi un septième et "probable dernier" corpus de 17 plaintes auprès du parquet du Pau, déplorant le "manque de moyens alloués à l'enquête" sur ce vaste scandale de violences sexuelles et physiques sur des enfants.
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Ces 217 plaintes recensées par le collectif, dont une centaine portent sur des faits à caractère sexuel, mettent en cause 15 prêtres, presque tous décédés, et 4 laïcs ayant officié du milieu de 1957 à 2004 dans cet établissement catholique privé des Pyrénées-Atlantiques. 

S'y ajoutent des plaintes déposées directement en gendarmerie ou commissariat, dont le nombre n'est pas communiqué par le parquet de Pau.

"On a insisté sur la question des moyens parce qu'il n'est pas normal que sur le dernier corpus déposé début avril les victimes n'aient toujours pas été entendues", a déclaré Alain Esquerre, porte-parole du collectif, après avoir été reçu par le parquet.

"Nous avions demandé des moyens supplémentaires à François Bayrou en février et il n'y a que deux enquêteurs en difficulté sur ce dossier tentaculaire", a-t-il ajouté. 

"Honte de la façon dont mon pays gère le sujet"

Le 15 février, lors d'une rencontre organisée à Pau avec plusieurs victimes, le Premier ministre et maire de la ville avait promis de demander "des magistrats supplémentaires" pour "aller au bout" de l'enquête.

Le parquet de Pau a indiqué début juillet attendre l'arrivée d'un magistrat supplémentaire début septembre, sans savoir si c'était lié à cette enquête ou à son sous-effectif chronique. 

"J'ai honte de la façon dont mon pays gère le sujet, on ne veut pas tellement réagir. L'affaire a déclenché du bruit, de la communication, mais rien ne se passe", enfonce Jean-Rémi Arruyer, ancien élève et membre du collectif. "Emmanuel Macron nous dit que l'imprescriptibilité n'est pas la meilleure voie, mais il propose quoi ? Rien, affaire classée", ajoute-t-il.

Les faits visés par ces nouvelles plaintes "sont malheureusement prescrits", précise Alain Esquerre. A l'image de ceux dénoncés par Didier Carrère-Laas, 55 ans, scolarisé entre 1981 et 1983 à Bétharram. Nouveau plaignant, il accuse l'ancien directeur, le père Carricart, décédé en 2000, et l'ancien surveillant surnommé +Cheval+ d'agressions sexuelles. 

Dans le cadre de l'information judiciaire ouverte en février par le parquet de Pau après une année d'enquête, seules deux plaintes non-prescrites ont conduit à la mise en examen pour viol et agression sexuelle d'un ex-surveillant de Bétharram. Deux autres mis en cause, dont +Cheval+, ont bénéficié de la prescription des faits.

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