Fin, fin et fin, un spectacle vraiment bien, bien et bien

Crédit : Pénélope Marcade
“Trois amis vont faire un pique-nique pour la fin du monde.” Ce “pitch” simplissime résume à merveille la pièce de Lancelot Cherer, jeune auteur, co-metteur en scène et interprète, en compagnie de deux autres comédiens, de Fin, fin et fin, au théâtre Lepic à Paris. Alors, il ne résume pas forcément l’histoire, ce pitch, mais il dit tout de l’esprit qui habite cette comédie d’aventure au théâtre.
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Le thème de la “fin du monde” évoque les films de zombies, les invasions extraterrestres, les films catastrophe, en bref tout un pan de la culture populaire. L’amateur de séries, films, BD, jeux vidéo, qui connaît tous les codes du genre, se sentira comme dans des chaussons devant cette histoire de survie post-apocalyptique.

En tant que pièce de théâtre, Fin, fin et fin est précise, interprétée avec enthousiasme et justesse, fourmillant d’idées de scénographie et de mise en scène, d’astuces et de petits détails, mais elle n’oublie jamais qu’elle est au service de l’humour, qu’elle est un divertissement.

Reste ce nom intrigant : Fin, fin et fin. Une pièce sur la fin du monde, certes, mais qu’en est-il des deux autres “fin” ? Est-ce que ce sont les fins des trois amis ? Le monde est-il frappé par trois cataclysmes ? Tant de questions auxquelles nous avons l’intention de ne pas répondre du tout, ce serait gâcher la surprise.

Crédit : Pénélope Marcade

Le spectre de l’humour british

Plus que les films catastrophe américains, c’est plutôt leur traitement à l’anglaise qui se trouve ici convoqué. Les protagonistes sont des personnes lambda, qui ne cessent pas de l’être quand la catastrophe survient. Au contraire de l’archétype du héros américain, au mauvais endroit au mauvais moment mais qui va sauver le monde, les personnages ici accueillent la fin du monde avec flegme, traversent les événements sans franchement tenter de les faire changer.

L'influence de la trilogie des Cornetto d’Edgar Wright - Shaun of the Dead (2004), Hot Fuzz (2007) et Le Dernier Pub avant la fin du monde (2013) - est évidente, tant dans la caractérisation des personnages que dans le ton humoristique de la pièce. Quant à la phrase “trois amis vont faire un pique-nique pour la fin du monde”, on peut y voir une référence au Dernier Restaurant avant la fin du monde (1980), titre du deuxième volume de la saga spatiale H2G2 : Le Guide du voyageur galactique, monument de l’humour britannique. De l’œuvre de Douglas Adams, on retrouve cette façon de décrire le monde de manière absurdement drôle et un peu cruelle.

Et vous, qu’est-ce que vous ferez à la fin des temps ? Si vous ne vous sentez pas l’âme d’un Jason Statham, prenez la nappe et le pain, je ramène les cartes.

Fin, fin et fin est notre coup de cœur de la rentrée et une pièce idéale pour donner tort à celles et ceux qui imaginent que le théâtre, c’est poussiéreux.

Fin, fin et fin

De Lancelot Cherer

Mise en scène collective

Avec : Eugénie Thieffry, Baptiste Dupuy ou Enzo Monchauzou et Lancelot Cherer

Au théâtre Lepic dans le 18e arrondissement de Paris jusqu’au 30 novembre, en attendant (on leur souhaite) une tournée partout en France.

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