Le 19 décembre 2022 à Lamarque (Gironde), quand l'accusée pose sur le visage de chacune de ses jumelles leur doudou, en appuyant pendant une minute avec la main, il n'y a "aucun élément hallucinatoire, aucun trouble délirant" pouvant laisser penser à une abolition de son discernement, a déclaré jeudi un psychiatre devant la cour d'assises de la Gironde.
L'accusée de 37 ans est donc "accessible à la sanction pénale", a-t-il précisé, évoquant toutefois une "altération" du discernement de Mme Bertrand, en "situation de grande fragilité et vulnérabilité", qui "n'avait pas la pleine conscience de ce qu'elle faisait".
Selon une autre experte psychiatre, un "trouble psychique ou neuropsychique" a pu "entraver sa conscience au moment des faits". Elle a décrit une femme "en situation d'impasse, épuisée psychiquement, plus en mesure de penser".
Double infanticide en Gironde: une accusée "solaire" avant "l'enfer" de la dépression post-partum
Dépression du post-partum
La mère de famille était sortie deux semaines auparavant d'une hospitalisation en unité psychiatrique où elle était soignée pour une dépression du post-partum et suivait un traitement médical lourd pour limiter son anxiété et réguler son humeur.
Le jour des faits, quatre heures après avoir mis ses jumelles de trois mois à la sieste vers midi, elle découvre qu'elles ne respirent plus. Les voisins qui vont prodiguer un massage cardiaque aux petites, les pompiers au téléphone et les secours sur place indiquent tous qu'elle avait un air détaché et calme.
"La prise de conscience du décès de ses jumelles peut être comparée à un tsunami cérébrale, pouvant entraîner (pour l'accusée) un état dissociatif afin d'éviter que ça disjoncte", a émis comme hypothèse l'expert psychiatre.
Une des jumelles sera déclarée morte sur place, l'autre décédera quelques heures plus tard à l'hôpital.
La "descente aux enfers", qu'a connue Jennifer Bertrand deux semaines après la naissance des jumelles, "n'est pas sur une simple tristesse comme le baby-blues", a expliqué le psychiatre. Selon lui, la dépression du post-partum dont souffrait l'accusée, envahie d'angoisses extrêmes et d'idées suicidaires, "est du registre de la maladie, qui nécessite une prise en charge rapide".
L'accusée, qui a toujours réfuté son intentionnalité meurtrière, doit s'exprimer en fin d'après-midi, après le père des jumelles dont elle est depuis séparée.








