Hommage à Pétain : ouverture d'une enquête à Verdun pour contestation de crime contre l'humanité

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La plainte vise notamment le président de l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain qui s'était exprimé à la sortie de l'église, estimant que Philippe Pétain avait été "le premier résistant de France". Elle vise aussi le prêtre qui a célébré la messe.
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Une enquête est ouverte pour contestation de crime contre l'humanité à l'encontre du président de l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain (ADMP), à la suite d'une messe dite samedi dernier à Verdun, a indiqué lundi le parquet.

La plainte vise notamment le président de l'association, Jacques Boncompain, qui s'était exprimé à la sortie de l'église devant la presse, estimant que Philippe Pétain avait été "le premier résistant de France".

Le préfet de la Meuse avait annoncé samedi qu'il ferait un signalement au procureur à la suite de propos "clairement révisionnistes" prononcés à cette occasion.

Eventuelle dissolution

Interrogée par l'AFP, la préfecture de la Meuse a précisé qu'un aspect de cette procédure était "la perspective éventuelle de la dissolution" de l'ADMP, une décision qui relève du ministère de l'Intérieur.

L'enquête est ouverte pour "contestation publique de l'existence de crime contre l'humanité commis durant la Seconde guerre mondiale" ainsi que pour "tenue d'une réunion politique dans un local servant habituellement à l'exercice d'un culte", a précisé Delphine Moncuit, procureure de la République de Verdun, dans un courriel adressé à l'AFP.

Elle vise aussi le prêtre qui a célébré la messe : Gautier Luquin, 31 ans, est mis en cause pour "provocation par ministre du culte à la résistance à l'exécution des lois ou actes de l'autorité publique".

Négation, minoration, banalisation

Le maire de Verdun, Samuel Hazard (divers gauche), avait pris un arrêté la semaine dernière pour interdire cet hommage, mais sa décision a été annulée vendredi par le tribunal administratif de Nancy.

Les propos révisionnistes sont passibles d'une peine pouvant aller jusqu'à un an d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende. Ils sont définis comme la négation, la minoration ou la banalisation de façon outrancière d'un crime de génocide, de crime de guerre ou de crime contre l’humanité.

Surnommé "vainqueur" de la bataille de Verdun en 1916, Philippe Pétain prit en 1940 la tête du régime de Vichy qui collabora avec l'Allemagne nazie. Il a été frappé d'indignité nationale en 1945 et condamné à mort, une peine commuée en prison à vie.

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