Nabil R. a toujours contesté les faits, assurant qu'il était loin au moment des faits et que son épouse s'était auto-immolée pour lui nuire. Mais son téléphone n'a pas quitté le quartier et un expert a témoigné que les zones du corps touchées étaient incompatibles avec ce scénario.
Surtout, comme lors du procès en première instance en décembre 2024 à Nice, les jurés ont pu entendre l'enregistrement d'un appel à la police: sur fond de cris de douleur de la victime, une voisine décrit une femme en feu, poursuivie par son mari armé d'un couteau.
Et ils ont pu entendre mardi Asma (prénom d'emprunt), 42 ans, raconter d'une voix douce mais décidée son mariage arrangé en Tunisie avec un cousin éloigné, qui a vite tourné au cauchemar quand elle l'a rejoint en France.
Nabil "n'était plus la même personne qu'en Tunisie". Il buvait tous les jours, rentrait très tard de son travail de cuisinier, se montrait agressif et insultant, ne s'intéressait à elle qu'au lit et laissait sa mère la traiter "comme une bonne", a-t-elle raconté.
"Morte-vivante"
Le soir du 13 août 2021, après une nouvelle dispute, il l'a menacée avec un couteau, puis lui a versé un liquide dans le dos qui s'est enflammé à proximité de la gazinière.
Transportée au service des grands brûlés de Marseille, elle a passé plusieurs semaines dans le coma, avant des mois d'hospitalisation puis de rééducation.
Si son visage est épargné, son corps est brûlé à 29%, dans le dos et sur le côté gauche. Ses oreilles sont brûlées, sa tête couverte de plaques, et elle vit dans la terreur que sa belle-famille vienne l'achever.
"Je me gratte tout le temps, je dors avec des médicaments, je souris avec des médicaments", a-t-elle témoignée, se décrivant comme "morte-vivante". "Quand je suis habillée, les gens qui me voient pensent que je vais bien alors qu'à l'intérieur, je suis brûlée".
