Jugé pour avoir immolé sa compagne, l'accusé nie les faits à l'ouverture de son procès

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Un homme de 27 ans est jugé depuis mardi pour avoir, en octobre 2022 à Stains en Seine-Saint-Denis, intentionnellement aspergé d'essence et mis le feu à sa compagne, Johanna P., causant sa mort, un crime qu'il réfute.
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Le 17 octobre 2022, peu après 21h, un policier à la retraite entend une détonation et découvre une voiture en flammes. Des policiers se rendent sur les lieux et aperçoivent près du véhicule une femme presque nue présentant des brûlures sur l'ensemble du corps.

Johanna P., 26 ans à l'époque, brûlée à 40% "au niveau principalement du visage, des bras, des avant-bras, du thorax, de l'abdomen, du périnée et des cuisses", selon l'acte d'accusation, décède le 2 novembre.

Au premier jour de son procès devant la cour d'assises de Seine-Saint-Denis, l'accusé, Yann S., a récusé avoir tué sa compagne, regrettant seulement "de ne pas avoir pu la sauver".

Il change de versions

Après les faits, il avait d'abord évoqué un accident alors qu'il était ivre et voulait mettre de l'essence dans la voiture.

Il a ensuite plusieurs fois changé de version pour finir par déclarer que Johanna P. avait des tendances suicidaires et que ce soir-là, une dispute avait éclaté à propos des fréquentes infidélités de Yann S., qui s'apprêtait à aller voir des prostituées à Troyes. 

La jeune femme se serait alors, selon lui, versé de l'essence dessus et aurait menacé de se suicider en faisant des étincelles avec un briquet qu'elle avait en main. L'accusé n'a alors pas su dire si le feu avait été provoqué par ce briquet, par celui que lui aussi avait en main, ou par sa cigarette.

Confronté à son manque d'empathie à l'égard de la victime durant les mois ayant suivi sa mort, Yann S. s'est excusé mardi de ne pas avoir "eu les mots adéquats pour Johanna".

"J'ai fait comme un déni", "je ne voulais pas concevoir qu'elle était décédée", a expliqué l'homme condamné à 12 reprises, notamment pour trafic de stupéfiants, et qui reconnait avoir frappé Johanna à plusieurs reprises durant leur relation.

Lors de la première journée d'audience, la défense a mis l'accent sur un SMS envoyé environ une heure et demie avant les faits par la victime à Yann S.. Dans ce message, qu'elle demande de faire suivre à sa mère, elle semble faire ses adieux et écrit notamment avoir dit à sa banque qu'elle léguerait l'argent qu'elle a. 

À la lecture du message, "on peut penser que c'est un acte volontaire", a reconnu à la barre le policier en charge de l'enquête, qui privilégie toutefois la thèse du meurtre.

Le verdict est attendu vendredi.

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