Après les avoir interpellés le 22 juillet 2025 dans le quartier prioritaire des Moulins, ces cinq fonctionnaires avaient multiplié lors du trajet en fourgonnette jusqu'au commissariat "les insultes, moqueries, violences, petites et grandes humiliations à l'égard d'un individu en raison de sa religion ou de son origine", a souligné le procureur Damien Martinelli.
Des faits révélés par un enregistrement réalisé discrètement par l'un des interpellés avec son téléphone.
Au coeur des poursuites figure notamment un Coran trouvé dans le sac de l'un des trafiquants et utilisé par les policiers pour l'humilier, allant jusqu'à en arracher les pages, selon l'accusation, pour en faire des boulettes et les lui fourrer dans sa bouche.
Sur l'enregistrement diffusé à l'audience, on entend notamment des cris, des pleurs, des bruits de coups et un policier asséner plusieurs insultes racistes à cet interpellé.
"Mauvaise blague"
Pour leur défense, les policiers, qui ont nié les violences en reconnaissant partiellement les injures, ont expliqué que ce Coran n'existait pas et qu'il s'agissait d'un document trouvé le matin même dans une poubelle avec lequel, "partis dans un délire", ils avaient voulu faire "une mauvaise blague" à l'individu pour "l'embêter".
Celui-ci, présent à l'audience, purge actuellement une peine de 18 mois de prison pour vol en réunion avec 10 ans d'interdiction du territoire.
L'autre interpellé présent lors des faits ne s'est pas constitué partie civile et était absent à l'audience.
"Ce sont de bons fonctionnaires sans antécédent judiciaire ou disciplinaire mais est-ce que vous avez encore confiance en eux, est-ce que vous voulez les revoir sur la voie publique?", a lancé le procureur à l'encontre de ces cinq policiers âgés de 30 à 48 ans, l'un avec trente ans de métier, pour justifier son souhait de les voir écartés de la police nationale.
"Ces réquisitions sont hallucinantes, vous avez requis la peine de mort, la peine de mort civile peut-être mais la peine de mort quand même", a répliqué Éric Borghini, l'avocat de l'un des prévenus, regrettant "qu'un trafiquant de drogue sous OQTF" soit "mieux traité que des fonctionnaires de la police nationale".
Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 10 novembre.








