Prison ferme pour des proxénètes roumains obligeant des femmes à se prostituer en France

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Cinq Roumains ont été condamnés vendredi à des peines allant de trois à sept ans de prison pour l’organisation de la prostitution d'une cinquantaine de jeunes filles roumaines dans des appartements loués en France, entre 2020 et 2022.
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Condamnés pour proxénétisme aggravé, blanchiment et association de malfaiteurs, le tribunal les a cependant relaxés de l’infraction de traite d’êtres humains pour laquelle ils étaient initialement poursuivis. Trois des cinq prévenus roumains, dont un père et son fils, ont été arrêtés à la barre du tribunal en vue de leur incarcération, deux comparaissaient détenus.

Les deux hommes le plus lourdement condamnés, l'un à six ans et l'autre à sept ans d’emprisonnement, appartenaient à un "trio dirigeant" qui s’était installé en 2019 à Barcelone (Espagne) d'où ils mettaient en place et géraient la prostitution logée de jeunes femmes originaires de la région de Prahova en Roumanie et recrutées sur les réseaux sociaux. Le troisième membre dirigeant n’a pas été interpellé.

Un sixième prévenu, un Marseillais qualifié par l'accusation de "partie française du réseau", a été condamné à quatre ans de prison dont trois ans avec sursis et à une amende de 10 000 euros pour son concours apporté aux proxénètes roumains en procédant à des locations d'appartements dans de nombreuses villes françaises et à l'achat de billets de train pour les déplacements des prostituées. La partie d'emprisonnement ferme de la peine sera purgée sous le régime de la détention à domicile sous surveillance électronique.

La technique du "lover boy"

L’enquête conduite en commun avec les autorités judiciaires roumaines et espagnoles avait mis au jour la technique du "lover boy", destinée à convaincre des jeunes femmes de se livrer à la prostitution. Les prévenus faisaient croire à une belle histoire d'amour avant d'invoquer des difficultés financières afin de faire basculer leurs compagnes vers la prostitution.

Comme l’avait expliqué l’une des victimes, une jeune manucure âgée de 22 ans tombée amoureuse d’un des prévenus : "A Bucarest, une rumeur dit que les filles se prostituent et donnent tout leur argent aux hommes en pensant qu’elles forment une famille avec leur maquereau".

Lors des débats qui se sont tenus du 13 au 21 octobre devant le tribunal correctionnel de Marseille, les prévenus avaient dans l'ensemble contesté tout acte de proxénétisme. L'accusation avait fait valoir leur train de vie  - belles voitures, grands hôtels, vêtements de luxe et fêtes - en totale distorsion avec leur oisiveté professionnelle. Le parquet de Marseille avait requis des peines s'échelonnant de six à neuf ans de prison.

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