Soupçons de violences sexuelles : procès ordonné à l'encontre du militant catholique Tim Guénard

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Un procès pour viol et agressions sexuelles a été ordonné à l'encontre de l'écrivain et militant catholique Tim Guénard, soupçonné d'avoir prétexté une expérience "mystique et spirituelle aux fins d'abus sexuels". Lui a fait appel.
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Tim Guénard, 66 ans, est accusé d'avoir violé une femme en novembre 2019, et de l'avoir agressée sexuellement à plusieurs reprises, en Belgique et en région parisienne, entre novembre et décembre 2019, a appris mardi l'AFP de sources proches du dossier. Une information confirmée par le parquet de Paris.

Il lui est reproché un "stratagème", usant "d'une écoute feinte" et d'"une religiosité fourvoyée" où il vantait "une expérience mystique et spirituelle aux fins d'abus sexuels", d'après l'ordonnance de mise en accusation dont l'AFP a eu connaissance.

Le suspect, de son vrai nom Philippe Guénard, qui a publié des ouvrages religieux et bénéficie d'une certaine célébrité dans les rangs catholiques, dément.

"Tim Guénard a toujours contesté avoir exercé une quelconque emprise dans le cadre de la relation sentimentale concernée", a déclaré son avocat, sollicité par l'AFP.

"Il n'a eu de cesse depuis quatre ans de décrire une relation libre, pleinement consentie, et d'apporter des éléments en ce sens", a assuré Me Fares Aidel Sehili.

Tim Guénard a fait appel, sollicitant la chambre de l'instruction pour se prononcer sur la tenue ou non d'un procès.

"Philippe Guénard doit cesser de se dérober", a réagi l'avocat de la plaignante, contacté par l'AFP. "Il est temps pour lui d'assumer ses responsabilités, face à la loi et face aux catholiques dont il s'est si longtemps joué", a insisté Me Sahand Saber.

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"Proche de Dieu"

Tim Guénard a intégré l'Arche à ses 20 ans, après une enfance difficile, durant laquelle il a été victime de violences, notamment sexuelles, et placé dans plusieurs familles d'accueil, d'après l'enquête de personnalité.

L'Arche, présente dans une trentaine de pays, est organisée en communautés et foyers, et mêle personnes handicapées mentales et accompagnants, à l'instar de M. Guénard.

Cette fédération a été secouée par des scandales sexuels visant son fondateur Jean Vanier, décédé en 2019. En 2023, une enquête indépendante commandée par l'Arche identifiait 25 femmes comme ayant "vécu, à un moment de leur relation avec Jean Vanier, une situation impliquant un acte sexuel ou un geste intime", entre "1952 et 2019".

L'aumônier de l'Arche et prêtre dominicain Thomas Philippe, mort en 1993 et que Tim Guénard considérait comme "un père spirituel" selon la juge d'instruction, a aussi été sanctionné par une enquête canonique pour avoir "développé des notions d'amour mystique, lui ayant permis d'abuser sexuellement de femmes".

Au cours des investigations, Tim Guénard a aussi décrit aux enquêteurs son engouement pour les Frères de Saint-Jean, communauté fondée par le prêtre dominicain Marie-Dominique Philippe, frère de Thomas Philippe qui a lui aussi été accusé de violences sexuelles.

C'est lors d'une de leurs retraites spirituelles en Belgique, en novembre 2019, que Tim Guénard est soupçonné d'avoir violé une femme "impressionnable et influençable". Cette dernière avait, par le passé, démissionné d'un poste de cadre pour se consacrer au prosélytisme.

Alors qu'il la pénétrait digitalement, elle a raconté qu'il avait loué un "instant d'éternité": "Dieu nous a donné des corps, c'est beau, qu'est-ce que c'est beau ! Dieu se donne à nous dans l'eucharistie, c'est son corps ! Je ne me suis jamais senti aussi proche de Dieu que lorsque je mange la jouissance d'une femme".

Un expert psychologue a estimé que la plaignante, "élevée dans une confiance à l'Eglise", s'était, elle, plongée dans "un état de sidération". Cette "dissociation" a été accentuée par son état "d'épuisement", "sous le poids" de Tim Guénard, "ancien lutteur".

Dans son ordonnance, la magistrate a rappelé la définition du viol par surprise: "la victime a consenti mais ce consentement n'est pas juridiquement valable car il n'est pas lucide ou éclairé".

Et du viol par contrainte: "le consentement résulte de l'abrasion de la capacité du jugement, de l'assujettissement qui conduit à la disparition du libre-arbitre et au défaut de consentement".

La cour d'appel doit désormais livrer son analyse.

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