Les avocats d'Alex Ursulet, qui clame son innocence, doivent désormais plaider, avant le délibéré et un verdict attendu dans la soirée. Le parquet général a demandé à la cour criminelle de Paris d'incarcérer Alex Ursulet, qui encourt vingt ans de réclusion.
"Il n'y a pas de complot, elle a bien été victime d'un viol" commis par Alex Ursulet, "sorte de droit de cuissage", a dénoncé l'avocat général Philippe Courroye, selon qui il y a eu "contrainte", "surprise" et la circonstance aggravante de faits commis par une personne ayant autorité.
"Contradictions" et "incohérences"
Dans un réquisitoire aussi minutieux qu'implacable pour l'accusé, il a dénoncé ses "contradictions" et ses "incohérences" face à une plaignante "constante dans ses déclarations", qu'il a félicitée d'avoir eu "la force pour dénoncer ces faits criminels", elle, la jeune stagiaire, face à un ténor du barreau 35 ans plus âgé: "Rien n'est pire que le silence."
Convoquant Villon, Beaumarchais, Chateaubriand, Kerangal, Hitchcock et IAM, Philippe Courroye a fustigé "la certitude du sentiment d'impunité" qui animait alors un avocat à la "personnalité dominatrice, au comportement souvent déviant", qui se pensait "protégé de la cuirasse de sa superbe". Il a décrit la relation empreinte de "domination" et de "possession" qu'il avait instaurée avec sa stagiaire, après une période initiale de "séduction".
"Quand elle pousse la porte du cabinet" début juillet 2018 à 25 ans, "elle vient pour apprendre" un métier "dont elle a rêvé depuis longtemps", aux côtés d'un avocat qu'elle "idéalise", "pas pour répondre à des questions sur sa sexualité", "encore moins pour être" violée, déclare le magistrat. Il s'adresse directement à l'accusé: "C'est la robe d'avocat que vous avez souillée", lui dit-il, fustigeant la "position victimaire" adoptée par Alex Ursulet durant cinq jours d'audience où il a "chanté l'air de la calomnie".
Philippe Courroye avait commencé par un résumé lapidaire de la situation qui se présentait à la cour: "Il y a dans cette salle, quelqu'un qui ment. Qui de la stagiaire ou du maître de stage?" Il l'a clos avec sa réponse sans ambiguïté: "Le mensonge, il est de ce côté de la barre", a-t-il accusé, en désignant Alex Ursulet qui l'avait écouté tantôt soutenant son regard d'un air incrédule, tantôt le détournant, fronçant parfois les sourcils ou secouant la tête.
La crainte de "ne pas être crue"
"Ce que je dis depuis le premier jour, c'est que je suis innocent des faits qui me sont reprochés", avait répété vendredi cette figure du barreau de Paris, autrefois associé de Jacques Vergès, qui avait acquis une notoriété et connu un succès professionnel certain après avoir défendu le tueur en série Guy Georges.
Jeudi, la plaignante, depuis devenue avocate, avait pourtant raconté en détail le viol par pénétration digitale vaginale, le 30 janvier 2018 en milieu d'après-midi, ainsi que sa "sidération", alors que les deux se trouvaient seuls au cabinet.
Des faits survenus après un déjeuner au restaurant à l'initiative de l'avocat qui, selon elle, aurait dévié sur sa sexualité.
La plaignante avait mis un terme à son stage dès le lendemain. Pour Alex Ursulet et ses avocats, elle a construit un récit a posteriori, "fâchée, furieuse" de ne pas avoir été conviée à une audience, peut-être d'ailleurs influencée par des adversaires de Me Ursulet qui auraient voulu "sa perte". "Qui ?", l'avait interrogé vendredi l'avocat général. Pas de réponse.
Et l'explication sur le fait qu'elle n'avait pas posé plainte immédiatement est "d'une extrême banalité", selon Philippe Courroye, car "c'est la crainte d'être discréditée dans la profession", "de ne pas être crue", "de se griller parce qu'elle mettait en cause" non pas "l'inconnu croisé dans la rue" mais "Alex Ursulet, l'avocat de Guy Georges, l'avocat médiatique, conscient de son génie".








