Une gérante d’un salon de massage et sa fille jugées à Paris pour traite d’êtres humains

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Le procès d’une gérante d’un salon de massage du 11e arrondissement de Paris et sa fille, jugées pour traite d’êtres humains et travail dissimulé, s’est ouvert jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris.
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En mars 2025, deux employées en situation irrégulière ont "déposé plainte pour harcèlement par leur employeuse, après leur refus de pratiquer des massages à caractère sexuel", a expliqué à l’AFP une source judiciaire.

L'une d'elles a affirmé "que la patronne incitait ses employées à la prostitution au profit de clients habituels, indiqués comme tels dans un fichier clients, et réprimait les récalcitrantes par des retenues sur salaire", a poursuivi cette même source.

Au cours de leurs auditions, elles ont pointé "la surveillance constante de leur patronne par l'intermédiaire de la vidéo, et d'instructions phoniques selon ses humeurs".

Elles ont également dénoncé "des conditions (...) de travail indignes" pendant plus de cinq ans: "les victimes travaillant toute la journée du lundi au vendredi, le samedi et parfois le dimanche, avec peu ou pas de congés, avec une amplitude horaire abusive" pour un total d'environ 200 heures par mois.

Les deux employées ont indiqué "être rémunérées environ 5 euros de l'heure".

"Le couchage à même le sol"

Leurs auditions ont été corroborées par trois autres employées. Toutes cinq ont dénoncé des "punitions" lorsqu'elles ne se conformaient pas aux "ordres" de leur gérante, décrite comme "insensible" et "culpabilisante", a rappelé la présidente de la cour.

La gérante Nannapt R., et sa fille, Thanrawee R., toutes deux nées en Thaïlande, sont aussi accusées d'avoir imposé "des conditions d'hébergement indignes", "sur le lieu de travail, dans lequel le couchage est à même le sol ou sur une table de massage", a précisé à l'AFP une source judiciaire.

"Au domicile personnel de la gérante, trois chambres fermées par verrous étaient destinées à héberger les salariées à titre onéreux. Il est apparu qu’elle proposait également des domiciliations fictives contre paiement."

Elles comparaissent également pour le travail dissimulé de 25 personnes ainsi que pour l'emploi de personnes étrangères non munies d'une autorisation de travail.

Les deux prévenues encourent jusqu'à 10 ans d'emprisonnement et 1,5 million d'euros d'amende.

Nannapt R., déjà condamnée en 2015 à 2 ans de prison et 50.000 euros d’amende pour des faits similaires, comparait libre sous contrôle judiciaire.

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