Installée en 2021 sur la commune de Nivolas-Vermelle, dans le nord de l'Isère, la voisine d'Alexia et de Franck Charreton réclamait à la justice le départ de leur coq Ricco, qu'elle accusait de chanter trop fort, ainsi que 4.500 euros de dommages et intérêt.
La bataille judiciaire n'a pas d'épilogue: Ricco est mort il y a quelques jours dans sa basse-cour, tué par un renard et le tribunal judiciaire a estimé que l'affaire ne relevait pas de sa compétence.
Au passage, il a condamné la plaignante à verser 2.000€ pour réparer le préjudice moral des propriétaires, habitants du quartier depuis 25 ans, ainsi que 1.500€ de frais pour leur défense.
"C'est une décision suprême car c'est dissuasif pour toutes les personnes procédurières qui veulent intimider leurs voisins", s'est réjouie Alexia Charreton auprès de l'AFP.
"Belle reconnaissance"
"Ricco avait le droit d'être là, il avait le droit de chanter", a déclaré sa propriétaire, en espérant que cette "belle reconnaissance" serve à "d'autres personnes dans la même situation". Et Ricco aura un successeur, assure-t-elle, pour continuer à protéger ses poules.
Au coeur du dossier, la question de la limite entre la ville et le monde rural: le chant des coqs est reconnu comme un "patrimoine sensoriel" des campagnes - et donc protégé - par le droit français depuis 2021.
Mais la zone du litige est "faite pour être habitée", avait plaidé lors de l'audience, en mai, l'avocat de la plaignante Me Briac Moulin, car elle n'est pas une "rase campagne". L'Insee classe la zone Nord-Isère comme un "territoire périurbain" s'étant développé sous l'influence de l'agglomération lyonnaise.
Contacté par l'AFP, il n'a pas souhaité s'exprimer sur la décision.
Les propriétaires ont plaidé vivre en "zone rurale", où le "joli" le chant de leur coq était selon eux apprécié par leurs autres voisins. "Ce n'est pas normal d'arriver dans un lieu où il y a une certaine identité et de vouloir tout changer", avait dénoncé très émue Alexia Charreton.
Le couple était soutenu par une pétition recueillant plus de 33.000 signatures, et avait même installé une webcam dans leur basse-cour pour décompter les cocorico de Ricco, au maximum "5 à 6 fois dans la journée".
Ricco n'était pas le premier coq à faire face à la justice : en 2019, le coq Maurice était devenu un emblème de la ruralité après avoir été autorisé à continuer de chanter à l'issue d'un conflit de voisinage. Il est, lui aussi, mort l'année suivante.