Par 190 voix contre 108, la chambre haute, dominée par la droite, a refusé ce décalage à janvier 2028 de la réforme "Borne" portant l'âge légal de départ à 64 ans.
La mesure pourra être rétablie par l'Assemblée nationale par la suite, mais l'opposition du Sénat risque d'acter l'absence de compromis possible entre les deux chambres du Parlement sur le projet de loi de financement de la Sécu, à la veille d'une commission mixte paritaire (CMP) entre députés et sénateurs, qui devrait se solder par un échec.
"Sacrifier la jeunesse"
"La suspension de la réforme des retraites, c'est le tribut payé par le gouvernement à la gauche pour durer", a martelé le président des Républicains, Bruno Retailleau, redevenu sénateur, refusant de "reporter sur les générations futures le fardeau de l'endettement".
La sénatrice LR Pascale Gruny a qualifié cette mesure de "poudre de Perlimpinpin", craignant qu'elle ne vienne "sacrifier la jeunesse" pour "sauver le gouvernement".
Le coût total de la mesure est de 300 millions en 2026 et 1,9 milliard en 2027, en incluant les carrières longues au dispositif de suspension de la réforme Borne.
Au cours de débats fermes mais globalement respectueux, la gauche a multiplié les invectives en direction de la droite et des centristes, leur reprochant de "refuser le compromis" par "idéologie".
"Cynique"
Le chef des sénateurs PS, Patrick Kanner, a dénoncé le "matraquage méthodique, inique, cynique" par la droite "des quelques avancées qui avaient été obtenues à l'Assemblée nationale".
"Ce vote démontre que le Sénat ne cherche pas le compromis", a-t-il affirmé devant des journalistes. "J'espère que le Premier ministre trouvera les voies et moyens pour un compromis avant la deuxième lecture à l'Assemblée nationale", prévue la semaine prochaine.
Devant les sénateurs, le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, a défendu la suspension de la réforme des retraites, "condition pour donner une stabilité politique et économique à notre pays".
Après le vote, le ministre s'est adressé directement à la droite, l'invitant au "recul et (à) la réflexion".
"Nous avons au Sénat des groupes sur lesquels bâtir la fameuse convergence dont on a besoin. Si on n'y arrive pas, je ne sais pas si c'est le chaos, mais il va se passer des choses bizarres et curieuses. Je ne sais pas si ça fait du bien au pays quand même", a-t-il encore lancé en direction de Bruno Retailleau.
Les sénateurs voteront sur l'ensemble du budget de la Sécurité sociale mercredi.








