Cette audience intervient une semaine avant celle de l'ex-président Nicolas Sarkozy et une semaine après celle de l'ex-banquier Wahib Nacer, libéré le lendemain par la même chambre, les deux autres détenus de ce dossier politico-financier de haut vol.
"La lâcheté ne me correspond pas. Je ne pourrais pas regarder mes enfants et petits-enfants dans les yeux si je ne me présentais pas devant la cour", a soutenu, pour se défendre de tout risque de fuite, l'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans qui comparaissait devant la cour d'appel en visio-conférence.
Le 25 septembre, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Alexandre Djouhri à six ans d'emprisonnement avec incarcération immédiate et trois millions d'euros d'amende pour avoir été au cœur de schémas financiers complexes impliquant de hauts dirigeants libyens.
"L'unique moyen pour préserver le déroulement serein des débats"
À l'appui de sa demande de mise en liberté, sa défense a soutenu à l'audience que le prévenu avait fait preuve d'une "parfaite coopération" avec la justice à partir de son arrestation à Londres en vertu d'un mandat d'arrêt et mis en avant ses problèmes cardiaques pour obtenir sa sortie de la prison de la Santé.
"Je ne vois pas ce qui pourrait justifier un traitement différencié" avec Wahib Nacer, incarcéré puis libéré, a plaidé son avocat, Me Charles Consigny.
Le président de la cour s'est étonné de l'adresse du logement proposé par la défense d'Alexandre Djouhri pour une éventuelle assignation à résidence sous bracelet électronique : celui-ci est en effet voisin des bureaux de Nicolas Sarkozy, rue de Miromesnil, dans le VIIIe arrondissement à Paris. Face à ce problème, sa défense a dû proposer dans l'urgence un autre hébergement, chez son neveu en région parisienne.
"La détention aujourd'hui de M. Djouhri semble l'unique moyen pour préserver le déroulement serein des débats et prévenir une concertation des prévenus", a estimé l'avocat général en requérant le rejet de la demande.
L'intermédiaire a notamment été reconnu coupable d'avoir organisé la vente fictive de deux tableaux pour permettre à Claude Guéant de toucher un demi-million d'euros.
"Les faits montrent sa capacité corruptive à un très haut niveau, non seulement d'un agent public étranger, mais également de celui qui était alors secrétaire général de l'Elysée", avaient estimé les magistrats du tribunal correctionnel dans leur jugement.
Alexandre Djouhri ayant fait appel de cette décision de première instance, son incarcération est désormais considérée comme relevant des critères de la détention provisoire.
Selon l'article 144 du Code de procédure pénale, le maintien en détention n'est possible que s'il est l'"unique moyen" de protéger des preuves, d'empêcher pressions ou concertations, de prévenir fuite ou récidive, ou de le protéger.








