Grenoble : un adolescent de 12 ans grièvement blessé par balle sur un point de deal

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Atteint au dos et aux membres inférieurs, l'adolescent était en arrêt cardio-respiratoire quand les secours l'ont transporté à l'hôpital et son pronostic vital est engagé. Ses agresseurs ont pris la fuite, selon une source policière.
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Un adolescent de 12 ans est dans le coma dimanche, blessé de plusieurs balles dans une fusillade nocturne sur un point de deal de drogue à Grenoble, et ses agresseurs ont pris la fuite. Si le scénario de tirs dans le cadre du narcotrafic était confirmé, cet adolescent figurerait parmi les plus jeunes ainsi visés ces dernières années.

Le quartier Chorier-Berriat, où le drame est survenu dans l'ouest de la capitale iséroise, avait été le théâtre de plusieurs fusillades en 2024, mais, depuis le début de cette année, préfecture et parquet mettent en avant une amélioration dans la lutte contre le narcobandistisme.

Vers 3h00 du matin, des riverains ont alerté la police pour des tirs suivis du vrombissement d'un véhicule en fuite, a indiqué à l'AFP une source policière, confirmant une information du quotidien Le Dauphiné Libéré.

Atteint d'au moins quatre balles au dos et aux membres inférieurs, l'adolescent était en arrêt cardio-respiratoire quand les secours l'ont transporté à l'hôpital avec un pronostic vital engagé. Il était dans le coma en fin de matinée dimanche, selon le procureur adjoint de Grenoble François Touret de Coucy.

Neuf étuis de balles de 9 mm ont été retrouvés sur place, a détaillé le magistrat.

La jeune victime, née en décembre 2012, "serait un mineur non accompagné d'origine nord-africaine" pour lequel les enquêteurs ne disposent pas "d'identité certaine", a précisé le procureur.

L'enquête pour "tentative de meurtre" a été confiée à la police judiciaire et les auteurs de la tentative d'homicide ne sont pas encore identifiés, selon lui.

Le quartier de Chorier-Berriat est connu pour son passé industriel, mais les friches et les anciens bâtiments d'usines ont été reconvertis en immeubles modernes et certaines zones sont très animées, avec des bars prisés par les jeunes et des restaurants.

Mais d'autres zones sont réputées pour abriter des points de deal.

"Guerre des gangs"

Les fusillades dans le cadre de règlements de comptes entre groupes de trafiquants de drogue ne sont pas rares dans la capitale iséroise et certaines de ses banlieues.

En 2024, la place Saint-Bruno, au cœur de Chorier-Berriat, avait été le théâtre de plusieurs fusillades.

Mais en septembre, "des habitants sont venus dire que leur vie avait changé depuis l'an dernier", avait assuré la préfère de l'Isère Catherine Séguin, se félicitant devant la presse, aux côtés du procureur de Grenoble Etienne Manteaux, d'une baisse importante des agressions par armes à feu dans la métropole grenobloise : 11 depuis début 2025, dont un assassinat, contre 34 en 2024 qui s'étaient soldées par sept morts.

L'an dernier, en réclamant à l'Etat des effectifs supplémentaires de policiers, les maires de Grenoble et sa banlieue n'hésitaient alors pas à évoquer, comme les autorités judiciaires, une "guerre des gangs".

Avec 28 points de deal recensés dans l'agglomération en septembre contre 41 en 2023, Mme Séguin vantait les mérites d'une véritable "politique de harcèlement" menée par les forces de l'ordre visant le narcotrafic. "Sans triomphalisme", ponctuait le procureur Manteaux en parlant d'"ubérisation" de ce fléau en "éternel recommencement".

Entre janvier et avril, cinq hommes, dont deux mineurs, avaient été blessés dans au moins trois fusillades présentées comme des règlements de comptes à Grenoble.

"Petites mains"

Selon les chiffres de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), en 2024 en France, 61% des condamnés pour infractions liées aux drogues étaient âgés de 15 à 25 ans et près de 10.000 mineurs étaient impliqués dans des affaires de trafic de stupéfiants.  

L'âge moyen des "petites mains" employées par les réseaux criminels se situe autour de 15-16 ans avec un recours accru à de très jeunes mineurs, parfois âgés de dix ans, souligne la Mildeca.  

"C'est insupportable", "il y en a malheureusement trop", a réagi dimanche sur BFMTV Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement, interrogée sur l'âge de l'adolescent visé à Grenoble.

Elle a assuré que les pouvoirs publics menaient "un combat quotidien (...), une guerre" contre le narcobandistisme et que la "lutte contre les points de deal et le narcotrafic" était une "priorité" du président et des ministres successifs de l'Intérieur et d'un Etat qui "ne faiblira pas".

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