Mort de Jane Goodall, la femme qui murmurait à l’oreille des chimpanzés

Apic/Getty Images et Bettmann via Getty Images
La célèbre primatologue britannique et figure de la cause environnementale, Jane Goodall, est décédée à 91 ans, a annoncé ce mercredi 1er octobre l’institut qui porte son nom. Elle avait révolutionné le regard de l’Homme sur les primates.
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Elle était une figure emblématique de la cause environnementale et, avant tout, une ambassadrice des chimpanzés. La célèbre primatologue britannique, Jane Goodall, est morte à l'âge de 91 ans, a annoncé ce mercredi 1er octobre l'institut qui porte son nom.

La chercheuse "est décédée paisiblement dans son sommeil" à Los Angeles, où elle se trouvait dans le cadre d'une tournée de conférences aux États-Unis, peut-on lire dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.

Cette infatigable scientifique avait consacré sa vie à l'étude des grands singes et à la défense de l'environnement. Elle avait notamment révolutionné la compréhension par l'homme de sa place dans la nature.

Proches cousins

À plus de 90 ans, Jane Goodall était une grande figure de la science du 20e siècle et continuait de parcourir le globe, accompagnée d'un singe en peluche pour sensibiliser le public aux atteintes contre la biodiversité et l'exhorter à agir contre le changement climatique.

"Réalisez que vous pouvez faire la différence chaque jour", insistait-elle auprès de l'AFP l'an passé. "Chacun a un rôle à jouer."

C'est pour son étude de ces grands singes, parmi les plus proches cousins de l'Homme, que Jane Goodall s'est fait connaître. Dans les années 1960, la Britannique qui n'avait qu'une vingtaine d'années, commence à les étudier dans la réserve de Gombe en Tanzanie.

Elle révèle alors que les chimpanzés utilisent eux aussi des outils, en l'occurrence une tige pour attraper des termites, une spécificité qu'on ne pensait alors n'être l'apanage que des humains. Elle documente également leurs comportements, de leur recours à la violence à leur deuil après la mort d'un des leurs.

Ses découvertes chamboulent la compréhension des comportements des animaux et redéfinissent la frontière entre l'homme et les autres espèces.

Autodidacte, Jane Goodall a également imposé son style dans un domaine largement dominé par les hommes, ouvrant ainsi la voie à d'autres femmes. Elle ne cachait par exemple pas son amour pour ses sujets d'études, auxquels elle donnait des noms plutôt que des sigles ou des numéros.

Dans les années 1970, elle commence à militer pour la défense de la nature et créé en 1977 son Institut pour gérer en Afrique des centres d'accueil de chimpanzés issus du braconnage, puis des programmes destinés à améliorer les conditions de vie des primates captifs et à sensibiliser les jeunes.

"Elle laisse derrière elle un héritage extraordinaire pour l'humanité et notre planète", a réagi Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU sur le réseau social X, se disant "profondément attristé" par la mort de celle qui avait été nommée Messager de la paix par les Nations unies en 2002.

"Jane Goodall avait su partager avec tous, notamment les plus jeunes, le fruit de ses recherches et faire changer notre regard sur les grands singes", a abondé Audrey Azoulay, directrice générale de l'Unesco dans un communiqué transmis à l'AFP.

Inspiration pour les femmes

Ses "salutations chimpanzé", c'est-à-dire ses célèbres imitations de cri de chimpanzés, "retentiront longtemps encore", a assuré Audrey Azoulay, directrice générale de l'Unesco dans un communiqué transmis à l'AFP.

Les fabricants Lego et Mattel ont créé ces dernières années des figures à son effigie, aux cheveux soigneusement attachés et à l'ensemble kaki... et bien entendu accompagnées d'un chimpanzé.

Une initiative qui réjouissait la chercheuse: "Je suggère depuis longtemps que les filles ne veulent pas seulement être des stars de cinéma. Beaucoup d'entre elles, comme moi, veulent être dans la nature à étudier les animaux", confiait-elle ainsi en 2022.

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