Afrikaners bientôt accueillis aux États-Unis : l'Afrique du Sud préoccupée

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L'Afrique du Sud "a fait part de sa préoccupation" aux États-Unis vendredi, après la révélation dans les médias américains de l'accueil dès la semaine prochaine d'Afrikaners, ces descendants des premiers colons européens que Donald Trump dit être persécutés et à qui il a offert l'asile.
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"Les allégations de discrimination ne sont pas fondées", affirme Pretoria, assurant que le gouvernement "n'empêchera pas les Sud-Africains voulant quitter le pays de le faire".

Le président américain avait indiqué en février dans un décret que les "États-Unis encourager(aie)nt la réinstallation des réfugiés afrikaners".

Il a depuis qualifié la situation en Afrique du Sud de "génocide", dans un message sur son réseau Truth Social. "Ils prennent la terre des fermiers blancs, puis les tuent, eux et leurs familles", avait-il ajouté, sans qu'aucune donnée ne soit jamais venue confirmer ses écrits.

Le chef adjoint de la diplomatie sud-africaine, Alvin Burtis, s'est entretenu avec son homologue américain Christopher Landau vendredi, a annoncé Pretoria.

"Cette discussion fait suite aux échanges par canaux diplomatiques, au cours desquels l'Afrique du Sud a fait part de sa préoccupation concernant les informations selon lesquelles les Etats-Unis ont commencé à examiner les prétendus réfugiés d'Afrique du Sud et à réinstaller ces citoyens sud-africains aux Etats-Unis", indique un communiqué du ministère sud-africain des Affaires étrangères.

Aux États-Unis, le média public NPR et le quotidien New York Times, qui citent des sources anonymes, ont rapporté jeudi que le gouvernement américain prévoyait d'accueillir sur le sol américain quelques dizaines d'Afrikaners dès lundi, si les conditions logistiques le permettent. A ce jour, 54 personnes ont reçu le statut de réfugié, d'après NPR.

Cette information avait d'abord été rapportée par le média d'investigation américain The Lever, qui s'appuyait sur une note interne du ministère de la Santé et des Services sociaux (HHS) datée du 30 avril. 

-D'après la Chambre de commerce sud-africaine à Washington, des milliers de Sud-Africains l'avaient contactée pour prendre des renseignements sur la procédure.

États-Unis : de premiers Afrikaners accueillis dans les prochains jours

"Motifs politiques"

Cette initiative américaine tranche avec le raidissement de la politique menée par l'administration Trump à l'égard des immigrés - clandestins ou non - aux États-Unis, entre déploiement de soldats à la frontière mexicaine, arrestations massives et expulsion de centaines de migrants par avions militaires. 

"Il est très regrettable de constater que la réinstallation de Sud-Africains aux Etats-Unis sous le couvert du statut de +réfugiés+ soit entièrement fondée sur des motifs politiques et vise à remettre en question la démocratie constitutionnelle de l'Afrique du Sud, un pays qui a en réalité subi de véritables persécutions sous le régime de l'apartheid", critique Pretoria.

La minorité blanche représente un peu plus de 7% de la population, mais possédait 72% des terres agricoles en 2017, selon des chiffres du gouvernement - l'héritage d'une politique d'expropriation de la population noire pendant la colonisation puis l'apartheid, que des lois votées depuis 1994 visent à réviser.

Descendants des colons néerlandais arrivés à la pointe de l'Afrique il y a plus de trois siècles, les Afrikaners constituent la majorité de la population blanche du pays.

C'est de cette frange de la population que sont issus les dirigeants politiques ayant mis en place l'apartheid, système de ségrégation raciale ayant privé les Noirs - très majoritaires dans le pays - de la plupart de leurs droits jusqu'à son abolition en 1994.

"Si l'Afrique du Sud conteste la décision des Etats-Unis d'accorder le statut de réfugié (aux Afrikaners), elle n'empêchera pas les Sud-Africains voulant quitter le pays de le faire, car elle respecte également le droit à la liberté de mouvement et à la liberté de choix, y compris de quitter le pays", indique le ministère des Affaires étrangères.

Les critères retenus pour accéder au statut de réfugié n'ont jamais été dévoilés par l'administration Trump.

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