Entre 2016 et 2024, les plaintes pour viol sur personne majeure ont été multipliées par trois.
Dans le même temps, les condamnations pour viol ont faiblement augmenté : de 1 017 à 1 300, (soit 3,32 % des plaintes), raconte le HCE. 93 % des victimes sont des femmes tandis que 97 % des mis en cause sont des hommes.
Le rapport du HCE fait une série de recommandations pour faciliter le parcours juridique des victimes d’une part, mais aussi pour combattre la culture du viol en France, dès l’école.
Une parole “libérée”, mais peu de plaintes
153 000 personnes majeures se sont déclarées victimes de viol ou de tentative de viol dans les douze mois précédents, selon le HCE. Or, seules 19 155 plaintes ont été déposées, soit 12,5 % des victimes déclarées.
Les raisons de cet écart sont multiples : mauvais accueil au commissariat, méfiance envers l’institution policière ou encore découragement face à la longue procédure judiciaire. Les victimes se heurtent au manque d’unités médico-judiciaires (UMJ), surtout en zone rurale, aux auditions répétitives, parfois en présence de l’agresseur, et aux coûts élevés des démarches judiciaires.
La justice manque à ses devoirs les plus élémentaires
Selon le HCE, les victimes de viols "n'obtiennent pas la justice qu'elles méritent". La justice française “continue de manquer à ses devoirs les plus élémentaires : garantir la protection des victimes et la condamnation des agresseurs".
L'instance fait donc 61 recommandations pour "mettre fin au déni et à l’impunité face aux viols et agressions sexuelles". Parmi elles, une meilleure formation auprès des professions en contact des victimes pour déconstruire “des biais misogynes et la compréhension des rapports de pouvoir” est recommandée.
Lutter contre la culture du viol
Le HCE insiste aussi sur la nécessité de lutter contre la culture du viol dès le plus jeune âge. Le programme d’Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars), prévu à partir de la rentrée 2025, doit contribuer à sensibiliser les enfants aux inégalités et aux rapports de pouvoir entre les sexes.
Au-delà du constat, le rapport pointe l’inaction de l’État et appelle à augmenter les budgets pour soutenir les associations, la formation des professionnels et les moyens judiciaires.