Sébastien Lecornu s'est-il acheté un peu de répit ?
En annonçant mardi la suspension de la réforme des retraites, lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre a pu échapper au dépôt d'une motion de censure du Parti socialiste.
Mais La France insoumise et le Rassemblement national ont déposées les leurs, qui doivent être examinées ce jeudi matin à l'Assemblée nationale.
L'une de ces deux motions pourrait-elle être adoptée ? On fait le point.
Près de 265 voix pour la censure
La motion de censure déposée par LFI est celle qui a le plus de chance d'aboutir car les députés du RN la voteront -les députés de gauche refusent eux de voter une motion venant du groupe d'extrême droite.
Pour être adoptée, une motion de censure doit être votée à la majorité absolue des membres composant l’Assemblée nationale, fixée à 289 députés.
La France insoumise dispose de 71 voix, le Rassemblement national et Union des droites pour la République 139. En additionnant les deux, la motion devrait recueillir 210 voix.
S'ajouteront également les 55 voix des écologistes et des communistes qui ont fait savoir qu'ils voteront la censure.
Cela donne un total de 265, à 24 voix de la majorité absolue.
Ce mercredi matin, Olivier Faure a reconnu sur BFMTV qu'"à peu près" trois députés de son groupe voteront la censure.
C'est le cas du député de la Drôme, Paul Christophle qui prévient sur X : "Le compte n’y est pas. Jeudi, je censure."
Des doutes sur le long terme
Le groupe Droite Républicaine, qui n'a pas appelé à censurer, pourrait également accuser quelques pertes. Des cadres du parti appellent à faire tomber le gouvernement, comme le vice-président des Républicains, François-Xavier Bellamy, et le maire de Cannes, David Lisnard.
Le doute plane même au sein du socle commun.
La vice-président de Horizons, Christelle Morançais, a déclaré sur X qu'elle "voterait, évidemment, la censure du gouvernement", si elle était députée.
De nombreux macronistes ont fait savoir leur désarroi quant au "renoncement" sur la réforme des retraites de 2023.
Et si le gouvernement ne tombe pas jeudi, reste la question de sa survie sur le long terme, notamment avec le vote sur le budget.
Le patron des députés PS, Boris Vallaud, a d'ailleurs laissé planer la menace d'une censure plus tardive en fonction des débats: "nous sommes capables de faire des compromis (...) Nous sommes capables de renverser un gouvernement".