Les conditions de détention de Nicolas Sarkozy sont-elles les mêmes que les autres détenus de la Santé ?

Crédit : Chesnot/Getty Images
Nicolas Sarkozy est entré mardi 21 octobre à la prison de la Santé. Placé dans une cellule en isolement, l’ancien président de la République bénéficie-t-il de “traitements de faveur” par rapport aux autres détenus de la prison de la Santé ?
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Mardi 21 octobre, Nicolas Sarkozy passe sa première nuit en prison. L’ancien président de la République est placé en détention provisoire à la prison de la Santé, le seul établissement pénitentiaire de la capitale.

Ayant fait appel de la décision, il a le statut de présumé innocent. Cependant, sa peine n’est pas suspendue, en raison de l’exécution provisoire décrétée par le tribunal.

Sa cellule, placée dans le quartier d’isolement, fait 9 mètres carrés. À la Santé, les cellules contiennent un lit, des toilettes, une douche, une table, une chaise, une plaque chauffante, un réfrigérateur et un téléphone fixe.

Surpopulation carcérale de 188 %

En régime ordinaire (c’est-à-dire pour les détenus non placés à l’isolement), les cellules de 9 mètres carrés sont généralement partagées par deux ou trois détenus, en raison d’une surpopulation carcérale de 188 %. Les lits sont superposés et dans certains cas les matelas sont à même le sol, faute de place.

Les conditions de promiscuité et de vie collective sont bien plus contraignantes pour ces détenus. “Ils restent 22 heures sur 24 enfermés à 2 ou 3 dans un 9 m2. Cela engendre des problèmes tels que l’insalubrité, le manque de soins médicaux et génère de la violence entre les détenus”, explique Pauline Petitot, journaliste chargée du pôle enquête à l’Observatoire international des prisons. 

Il ne croisera jamais personne

Selon Maître Charly Salkazanov, avocat spécialisé en droit pénal et pénitentiaire, “l’isolement est prévu pour des mesures d’ordre et de sécurité”. “Les détenus ne croisent jamais personne, uniquement les agents pénitentiaires, c’est sûrement pour cela que Nicolas Sarkozy a été placé ici”, explique l’avocat. Il souligne que l’isolement a un impact sur la santé mentale et physique, notamment lorsqu’il dure plusieurs mois, voire années.

Dès le premier jour d’incarcération de Nicolas Sarkozy, ses avocats ont déposé une demande de liberté conditionnelle. La cour d'appel dispose de deux mois pour examiner cette demande, ce qui limite la durée possible de son incarcération.

Certains privilèges au quotidien ? 

Les détenus en isolement ont droit à une promenade par jour. Mais Sébastien Cauwel, directeur de l’administration pénitentiaire, a évoqué que Nicolas Sarkozy pourrait bénéficier de deux promenades quotidiennes. Si tel est le cas, “ce serait un traitement de faveur”, explique maître Salkazanov.

Dans les cellules, le téléphone est payant. “Plus d’une centaine d'euros pour 15 à 20 minutes de téléphone par mois, que ce soit pour les proches ou les avocats”, témoigne Maître Charly Salkazanov. 

Pour ce qui concerne les visites, étant en détention provisoire, Nicolas Sarkozy a le droit à 3 parloirs par semaine, comme les autres détenus en attente de jugement.

“Une ingérence de pouvoir”

Deux policiers issus du service de protection des personnalités ont été spécialement affectés à la sécurité de Nicolas Sarkozy. Ces deux fonctionnaires sont présents en permanence, jour et nuit, et occupent une cellule située juste à côté de la sienne. Cette mesure, exceptionnelle dans un établissement déjà en situation de surpopulation, suscite des critiques.

Maître Charly Salkazanov estime que “c’est une ingérence de pouvoir”. Selon lui, cette décision est inappropriée pour plusieurs raisons : d’une part, elle prive d’autres détenus d’un espace de détention déjà rare, d’autre part, cette mesure initiée par Laurent Nunez, le ministre de l’Intérieur, dépasse le cadre habituel, car la sécurité en détention relève exclusivement de la compétence de l’administration pénitentiaire, et non de celle du ministère de l’Intérieur.

Laurent Nunez a justifié son choix en rappelant que l’ancien président de la République dispose de cette protection en raison des “menaces qui pèsent sur lui”.

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