Mort d'une des militaires attaqués à Washington, Trump veut empêcher toute immigration "du tiers-monde"

Crédit : Anna Moneymaker/Getty Images
Une des deux membres de la Garde nationale touchés mercredi à Washington par les tirs d'un suspect afghan est décédée, a annoncé jeudi Donald Trump, qui a déclaré vouloir mettre fin à "l'immigration en provenance de tous les pays du tiers-monde".
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La soldate, Sarah Beckstrom, "vient de nous quitter", a déclaré le président américain lors d'une allocution télévisée, après cette attaque commise selon les autorités par un Afghan de 29 ans, arrivé aux Etats-Unis en 2021 après avoir servi aux côtés de l'armée américaine en Afghanistan.

L'autre soldat touché dessus "lutte pour sa vie" et demeure "dans un état très grave", a-t-il précisé.

Dès mercredi soir, le milliardaire républicain avait annoncé un durcissement de sa politique anti-immigration. Le directeur des services d'immigration, Joseph Edlow, a annoncé jeudi le "réexamen complet et rigoureux de chaque carte verte délivrée à tout ressortissant étranger provenant de pays jugés préoccupants".

Ce permis accordant le titre de résident permanent aux Etats-Unis sera réexaminé pour les immigrés originaires d'Afghanistan, mais aussi de 18 autres pays incluant notamment le Venezuela, Haïti et l'Iran.

Plus largement, Donad Trump a annoncé jeudi vouloir "suspendre définitivement l'immigration en provenance de tous les pays du tiers monde afin de permettre au système américain de se rétablir complètement", dans une longue diatribe sur ses réseaux sociaux.

"Civilisation occidentale"

Les autorisations d'entrée sur le territoire délivrées à des "millions" de personnes par son prédécesseur Joe Biden pourraient être remise sen cause, a-t-il menacé.

Il a également promis que son gouvernement allait "chasser toute personne qui n'est pas un atout pour les Etats-Unis (...), mettre fin aux bénéfices et subventions fédéraux pour les non-citoyens de notre pays, dénaturaliser les migrants qui nuisent à la tranquillité nationale, et expulser tout ressortissant étranger qui constitue un fardeau public, un risque pour la sécurité ou qui n'est pas compatible avec la civilisation occidentale".

Le suspect de l'attaque, Rahmanullah Lakanwal, était toujours hospitalisé jeudi. 

Selon le directeur de la CIA John Ratcliffe, il avait travaillé avec l'armée américaine en Afghanistan avant d'être exfiltré vers les États-Unis en 2021. "Nous enquêtons pleinement sur cet aspect de son passé", a déclaré le directeur du FBI, Kash Patel.

Des médias américains affirmaient vendredi qu'il est né dans la province de Khost (sud-est) et avait rejoint les "unités zéro" des services afghans, en charge de missions commandos contre les Talibans, Al-Qaïda ou le groupe État islamique (EI). 

Des unités opérant hors de la chaîne de commandement habituelle, et qui "étaient en grande partie recrutés, formés, équipés et supervisés par la CIA", selon l'organisation Human Rights Watch. Un diplomate les avait surnommées les "escadrons de la mort". 

Le New York Times cite de son côté un ami d'enfance du suspect, affirmant que Rahmanullah Lakanwal avait été psychologiquement très affecté par ses missions au sein de ces unités.

Son mobile restait inconnu vendredi.

Il a traversé le pays en voiture depuis l'Etat de Washington, dans le nord-ouest du pays, pour se rendre dans la capitale fédérale, sur la côte est.  

Là, il a mené une attaque "ciblée" contre des militaires de la Garde nationale, ouvrant le feu sur deux d'entre eux, âgés d'une vingtaine d'années, avec un revolver Smith & Wesson, "sans provocation, comme dans une embuscade". Il a ensuite été neutralisé par d'autres gardes nationaux.

Ces derniers mois, Donald Trump a fait polémique en envoyant des membres de ce corps de réserve de l'armée dans plusieurs villes démocrates, contre l'avis des autorités locales, arguant de la nécessité de lutter contre la criminalité et l'immigration illégale.

"Acte isolé"

Le suspect était arrivé aux Etats-Unis un mois après le retrait précipité des forces américaines d'Afghanistan pendant la présidence du démocrate Joe Biden, en août 2021, dans le cadre d'une opération d'exfiltration des Afghans ayant collaboré avec les Américains.

Des responsables du FBI, de la CIA et du ministère de la Sécurité intérieure ont affirmé qu'il n'avait pas fait l'objet d'un examen minutieux à son arrivée et avait bénéficié de politiques d'accueil jugées laxistes.

Les autorités américaines avaient annoncé après l'attaque suspendre pour une durée indéfinie le traitement des demandes d'immigration des ressortissants afghans. 

AfghanEvac, une organisation chargée d'aider des Afghans à s'établir aux Etats-Unis, a assuré que la communauté était soumise à "des vérifications de sécurité (...) parmi les plus approfondies" en matière d'immigration.

L'acte violent et isolé de cet individu ne doit pas servir d'excuse pour définir ou rabaisser toute une communauté", a mis en garde son président, Shawn VanDiver.

Selon le département d'Etat, plus de 190.000 Afghans sont arrivés aux Etats-Unis depuis la prise de pouvoir des talibans.

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