"Problème de méthode" et de "confiance".
Le Premier ministre a prononcé, ce mercredi 15 octobre devant les sénateurs, une déclaration de politique générale légèrement différente de celle déclamée la veille à l'Assemblée, appelant la chambre haute à la "sagesse" et au "compromis", pour qu'elle "aide ce gouvernement à calmer les tensions, surpasser les divisions".
Face à un hémicycle dominé par une alliance entre Les Républicains et les centristes, où les troupes macronistes sont très peu nombreuses, Sébastien Lecornu a été très peu soutenu, applaudi seulement par une vingtaine de parlementaires.
Opposés à la suspension de la réforme des retraites
L'annonce mardi de la suspension de la réforme des retraites jusqu'à l'élection présidentielle a notamment fait grincer Les Républicains du Sénat, qui sont opposés à tout retour en arrière, partageant la ligne du patron du parti, Bruno Retailleau.
"Nous n'accepterons pas les renoncements", a lancé le chef des sénateurs Les Républicains Mathieu Darnaud à l'attention du chef du gouvernement.
"Si vous cultivez le flou (...) et n'avez d'autre objectif que de gagner du temps, alors ce sera sans nous", a-t-il averti. "Il va falloir nous en dire plus pour nous convaincre".
"Résister" aux socialistes
Particulièrement remonté, le patron des sénateurs centristes Hervé Marseille, par ailleurs président du parti UDI (Union des démocrates et indépendants), a lui épinglé un "problème de méthode et de confiance".
"Vous vous êtes exclusivement enfermé dans le dialogue avec les socialistes en oubliant qu'il y avait des forces politiques qui vous soutenaient", a-t-il dit au Premier ministre. "Nous sommes disposés à (vous) soutenir, mais on ne peut pas soutenir à n'importe quelles conditions", a-t-il encore mis en garde.
Mêmes regrets du côté du parti Horizons d'Edouard Philippe, dont le chef de file au Sénat Claude Malhuret a reproché à Sébastien Lecornu d'avoir "payé très cher" les socialistes en échange de leur mansuétude.
"Le Sénat va vous aider, pas à faire plaisir aux socialistes, mais à leur résister", a-t-il martelé, promettant de "purger" le budget de "tout ce qui va dans le mauvais sens" durant les débats parlementaires.
Le président du groupe socialiste, Patrick Kanner, a lui salué la "victoire" obtenue par le PS sur les retraites. Mais "notre décision de ne pas censurer ne vaut ni approbation ni chèque en blanc", a-t-il prévenu.