Précarité étudiante : un rapport parlementaire suggère de cibler directement les jeunes avec un système plus redistributif

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“Les étudiants en France sont dans une situation de précarité”. C’est le constat d’un rapport parlementaire publié ce mercredi 1er octobre qui propose, notamment, de supprimer certaines subventions aux familles pour privilégier le soutien direct aux étudiants.
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Cibler les étudiants, et non les familles. C’est une des propositions d’un rapport parlementaire publié ce mercredi 1er octobre. Pour lutter contre la précarité étudiante et les inégalités d'accès à l'enseignement supérieur, le rapport propose de réformer le système d'aides pour le rendre plus redistributif.

"Les étudiants en France sont dans une situation de précarité" qui s'est enracinée depuis les années 2000 mais a été "brutalement mise en évidence lors de la pandémie" de Covid-19, à la fois en termes "de niveau de vie ou de conditions de logement", souligne le rapport de la députée Soumya Bourouaha (Gauche démocrate et républicaine) et de l'ex-député Jean Laussucq (EPR).

Mme Bourouaha propose de réformer un système de tendance "familiariste", à savoir des aides versées en partie aux familles, pour le transformer en modèle "autonomiste", distribuant les aides aux jeunes eux-mêmes, explique-t-elle à l'AFP.

Versement des bourses en été

Parmi 22 recommandations, le rapport propose "d'étendre le versement des bourses sur critères sociaux aux mois de juillet et août" ou d'"instaurer une allocation étudiante comportant un socle universel et une part sociale modulable, indexée sur l’inflation".

Mme Bourouaha souhaite aussi une grille plus "simple et progressive" que le barème actuel qu'elle juge "illisible, injuste". 

"Mon ambition, c'est que chaque étudiant ait une allocation supérieure au seuil de pauvreté qui les rendrait véritablement autonomes (...) avec un minimum de 10% du SMIC (...) et un montant maximum de 80% du SMIC", poursuit la députée. 

Son rapport suggère de supprimer certaines subventions aux familles, comme une demi-part fiscale jusqu'à 25 ans au bénéfice des parents ou la déduction de la pension alimentaire du revenu imposable des parents, afin de privilégier le soutien direct aux étudiants précaires. 

680.000 étudiants concernés

Une réforme du système des bourses, très attendue, a été maintes fois reportée en raison des changements de gouvernements successifs.

L'Etat consacre près de 8,8 milliards d’euros chaque année aux aides étudiantes mais "les bourses ne permettent pas de couvrir les besoins essentiels".

Près de 680.000 étudiants, soit 23% de quasi trois millions d'étudiants en France à l'heure actuelle, bénéficient d'aides sociales.

Faute de moyens, "de nombreux étudiants (sautent) des repas ou (renoncent) à se soigner", ajoute le rapport.

Inégalités dans l'accès à l'enseignement supérieur

Dans un Baromètre sur la précarité étudiante publié lundi, l'association d'aide aux étudiants Cop1 affirme que "16% des étudiants déclarent avoir déjà eu recours à l’aide alimentaire".

Le rapport parlementaire rappelle l'impact des inégalités sociales dans l'accès à l'enseignement supérieur et les chances de réussite. 

L'étude de Cop1 note ainsi que "trois étudiants sur 10 ont dû renoncer à l’établissement de leur choix pour des raisons financières et un étudiant sur cinq envisage désormais de raccourcir son cursus pour les mêmes raisons".

La dernière réforme date de 2023 et avait revalorisé le montant de ces aides de 500 millions d'euros, permettant à 35.000 nouveaux étudiants de devenir boursiers.

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