Samedi dernier, une marche de l'opposition, interdite par les autorités, avait été dispersée à coups de gaz lacrymogènes à Abidjan. Cette semaine, des blocages de routes ont eu lieu épisodiquement dans des localités du pays, notamment pour protester contre la candidature à un 4e mandat du président sortant Alassane Ouattara.
Selon le procureur de la République, Oumar Braman Koné, environ 700 personnes ont été arrêtées depuis samedi dernier. Selon la police, une personne est morte dans une des manifestations à Bonoua (sud). L'opposition évoque, elle, au moins deux personnes décédées.
Vendredi soir, les autorités ont durci les interdictions de manifester en prohibant pour deux mois tout rassemblement politique, sauf pour les partis en lice pour la présidentielle.
"Nous n'appellons pas à la guerre"
Une décision qui frappe directement le Front Commun, coalition à l'origine des appels à manifester, regroupant le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) et le Parti des peuples Africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI), dont les candidatures des leaders Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo ont été rejetées.
"Dire non au quatrième mandat n'est pas un délit. Nous n'appelons pas la guerre, nous voulons la démocratie. Ne vous laissez pas intimider", a déclaré Habiba Touré la porte-parole du Front Commun dans une vidéo vendredi.
Samedi, l'organisation Tournons la Page, a estimé que les interdictions de manifester "sont des violations flagrantes du droit à la liberté de réunion pacifique". L'ONG "condamne l’oppression policière contre les manifestations pacifiques" et "invite le gouvernement à renouer avec le dialogue politique".
la Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme (LIDHO) a de son côté rappelé "que le droit de manifester pacifiquement et la liberté d’expression sont garantis par la Constitution ivoirienne", appelant les autorités à "éviter tout usage excessif de la force".
Quatre candidats face à Ouattara
Amnesty International avait également appelé plus tôt dans la semaine à arrêter de "réprimer" les manifestations. Le gouvernement ivoirien a répondu que celles-ci revêtaient un "caractère subversif" et étaient marquées par "une violence incompatible avec les exigences de la loi".
La campagne pour l'élection présidentielle suit toutefois son cours et tous les candidats font des meetings à travers le pays. Le président sortant, au pouvoir depuis 2011, réunissait samedi matin des dizaines de milliers de jeunes dans un stade à Abidjan.
Face à lui, quatre candidats sont en lice: l'ex-ministre du Commerce Jean-Louis Billon, dissident du PDCI; deux anciens compagnons de route de Laurent Gbagbo en rupture avec lui, son ex-épouse Simone Ehivet Gbagbo et l'ex-ministre Ahoua Don Mello; et enfin Henriette Lagou, déjà candidate en 2015.
Aucun ne s'est joint aux appels du Front Commun à manifester.