Ce dispositif, souhaité en avril par le Premier ministre François Bayrou, sera déployé "dès la semaine prochaine", a précisé le ministère, dans 151 intercommunalités situées principalement dans le centre et le sud-ouest hors littoral du pays.
Au total, 2,5 millions de patients vivant dans ces "zones rouges" seront concernés par ces renforts de médecins généralistes, jusqu'à deux jours par mois.
François Bayrou avait évoqué au printemps une mesure coercitive, mais avait ensuite renvoyé une telle possibilité, rejetée par nombre de médecins, à l'évolution de "dispositions législatives".
En juin, certains députés, emmenés par le socialiste Guillaume Garot, avaient promu des mesures plus strictes, imposant des contraintes à l'installation des médecins, mais suscitant une opposition encore plus marquée de ces derniers.
Le dispositif sera finalement déployé sur la base "du volontariat", a déclaré lundi le ministre de la Santé Yannick Neuder, défavorable "à la coercition d'installation", lors d'un déplacement à Pissos, village de 1 400 habitants dans la forêt des Landes.
"Gestion de la pénurie"
Yannick Neuder n'a en revanche pas énoncé le nombre de médecins déjà volontaires sur le territoire, qui seront indemnisés à hauteur de 200 euros par jour, "puisqu'on est en train de lancer ces dispositifs". Dans les Landes, plus d'une cinquantaine se seraient déjà signalés.
A Pissos, Raphaël Duquenoy, médecin généraliste installé à 20 km de Bordeaux, soit à un peu plus d'une heure de route, débutera son renfort dès le 16 septembre.
Il vient par "confraternité", même si "ce sont des pauvres qui viennent au secours d'autres pauvres", résume-t-il.
"Concrètement, c'est de la gestion de pénurie, parce que je dois gérer mon absence pendant deux jours, sans être sûr de trouver de remplaçant". Dans son cabinet d'Ambarès-et-Lagrave, trois médecins sont partis à la retraite, sans remplaçants.
A Pissos, la maison de santé "s'est retrouvée sans médecins" en 2021, après un départ à la retraite, indique le maire Denis Saintorens. Le généraliste actuel, installé depuis 2022, reçoit des patients d'un bassin de vie d'environ 3 000 habitants.
"Deux jours par mois, ce n'est pas suffisant, il faudrait au moins une fois par semaine", regrette Chantal Bonan, ancienne épicière de 71 ans, sceptique à l'idée de "voir un médecin différent à chaque fois".
Le Dr Duquenoy concède un "pari", face à la "pénurie médicale", mais se dit "rassuré" par le modèle du volontariat et de "la confiance", "qui donne envie de s'impliquer".
"On a déjà nos patients qui ont besoin de nous et on n'a pas forcément utilité à bouger de notre chaise. Donc le volontariat, c'est peut-être plus mobilisateur", explique-t-il.
Evaluation du dispositif
Yannick Neuder veut d'abord mobiliser "les médecins qui disposent de temps", à l'instar des "remplaçants, retraités ou travaillant à temps partiel", pour ne "pas dépeupler un territoire".
Pour "améliorer l'offre de soins", le ministre entend articuler ce dispositif, piloté par les Agences régionales de santé (ARS) et les préfectures, qui s'adresse à des médecins "à proximité raisonnable" des zones sous-dotées, avec celui "complémentaire" de l'association Médecins solidaires dans des zones plus éloignées.
Ce collectif, lancé il y a trois ans, revendique aujourd'hui 800 généralistes qui effectuent des renforts d'une semaine dans neuf centres différents.
Le fondateur de Médecins solidaires, Martial Jardel, accueille néanmoins avec scepticisme le dispositif gouvernemental.
Pour assurer une réelle plus-value aux patients, "il faut garantir qu'il y a bien un médecin en permanence", "avoir des coordonnatrices et secrétaires médicales qui peuvent gérer le matériel, les problèmes informatiques, l'ouverture et la fermeture de la structure…", a-t-il déclaré à l'AFP.
Or "l'Etat n'est pas connu pour sa capacité à transformer correctement des politiques de terrain", a-t-il ajouté.
Le ministre promet une évaluation de l'efficacité du dispositif gouvernemental "à la fin de l'année ou au début de l'année prochaine".