“Shutdown” aux Etats-Unis : 4 choses à savoir sur ce phénomène inédit depuis 2018

Gettyimages : Hal Bergman
Les Etats-Unis sont entrés ce mercredi 1er octobre en période de paralysie budgétaire, le “shutdown”. Fonctionnaires et services publics à l’arrêt, menaces de Donald Trump, exemples dans l’histoire…Voici tout ce que vous devez savoir.
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Le couperet est tombé à minuit, heure de Washington. Ce mercredi 1er octobre, les Etats-Unis ont basculé dans le "shutdown", ou paralysie budgétaire. Conséquence : une partie de l'administration fédérale est gelée, de nombreux fonctionnaires ne seront plus payés. 

1. Que s’est-il passé ?

Au Sénat, les élus républicains et démocrates ont échoué à se mettre d’accord sur les fonds nécessaires pour le budget de la nation avant minuit.

Car si les républicains disposent de la majorité aux deux chambres du Congrès, le règlement du Sénat fait qu'un texte budgétaire doit être adopté à 60 voix sur 100, nécessitant donc au moins sept voix démocrates.

Lundi, Donald Trump s’en était mêlé en recevant les deux représentants de la minorité démocrate au Sénat et à la Chambre des représentants, Chuck Schumer et Hakeem Jeffries. Sans effet. À l’issue de l’entretien, le chef de l’Etat avait publié une vidéo pour se moquer de ses opposants sur les réseaux sociaux.

2. Quelles conséquences ?

Le Bureau budgétaire du Congrès estime que quelque 750 000 fonctionnaires seront quotidiennement mis au chômage technique. Ils ne toucheront pas de salaire, mais devraient les recevoir quand le blocage sera levé.

Le trafic aérien pourrait être affecté tandis que le versement de nombreuses aides sociales devrait être fortement perturbé. De fortes perturbations sont donc attendues pour les usagers des services publics.

Toutefois, les fonctions jugées vitales pour le fonctionnement du pays, exercées notamment par les forces de l’ordre, la police de l’immigration ou les contrôleurs aériens, sont maintenues. 

Selon les calculs des analystes de la compagnie d'assurance Nationwide, chaque semaine de "shutdown" pourrait réduire la croissance annuelle du PIB américain de 0,2 point de pourcentage.

Donald Trump a également proféré des menaces à l’encontre des fonctionnaires, pour mettre la pression sur les élus démocrates.

"Nous pouvons, durant le ‘shutdown’, faire des choses qui sont irréversibles, qui seront mauvaises pour eux. Comme licencier de nombreuses personnes", a-t-il déclaré. Le président américain menace donc d'intensifier les opérations de limogeage de milliers de fonctionnaires fédéraux, déjà entamées avec la commission Doge de son ex-allié Elon Musk.

3. À qui la faute ?

Chaque camp se rejette déjà la responsabilité.

Les démocrates dénoncent le manque de volonté de négociation.

"IL EST MINUIT. Cela signifie que le blocage républicain vient de commencer parce qu'ils refusent de protéger les soins de santé des Américains. Nous allons continuer à nous battre pour le peuple américain", a posté sur son compte X le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer.

Le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson a dénoncé de son côté l'égoïsme de la minorité démocrate.

"Les démocrates ont officiellement voté pour FERMER le gouvernement. Résultats : Les mamans et les enfants perdent maintenant (les programmes d'aide alimentaire). Les anciens combattants perdent les soins de santé et les programmes de prévention du suicide. La Fema (l'agence américaine de réponse aux catastrophes naturelles, ndlr) perd des moyens pendant la saison des ouragans. Les soldats et les agents de la sécurité aérienne ne sont PAS PAYÉS. La seule question maintenant : Combien de temps Chuck Schumer laissera-t-il cette douleur continuer — pour ses propres raisons égoïstes ?", a posté sur X M. Johnson.

4. Est-ce une première ?

Non, loin de là. Cette paralysie des activités gouvernementales a eu lieu une vingtaine de fois depuis 1976. Les lois de financement font toujours l’objet d’âpres négociations.

Le dernier shutdown en date, et le plus long, remonte d’ailleurs au premier mandat de Donald Trump. La paralysie s'était étalée de décembre 2018 à janvier 2019, pour un record de 35 jours. 

Lors de ses deux mandats, Ronald Reagan avait, par exemple, connu huit “shutdown”. En conflit avec le Congrès, le président républicain avait ordonné la mise en congé de 241 000 employés du gouvernement, comme le rappelle le New York Times.

C'était la première fois qu'un chef de l'exécutif ordonnait une fermeture aussi importante des services fédéraux. Selon une commission de la Chambre des Représentants, cela avait coûté aux contribuables américains entre 80 et 90 millions de dollars en arriérés de salaire et autres dépenses.

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