Venu recevoir une Palme d'or d'honneur pour l'ensemble d'une carrière qui a changé le visage d'Hollywood, notamment aux côtés de Martin Scorsese, de "Taxi Driver" (1976) à "Killers of the Flower Moon" (2023), De Niro devait s'exprimer mercredi sur son cinéma, lors d'une leçon publique animée par l'artiste JR.
Mais, sur la Croisette, la légende n'aura finalement pas parlé que de 7e art, loin de là. La veille, le boxeur de "Raging Bull" (1980) est monté sur la scène du Palais des Festivals comme sur un ring, réservant ses coups à Donald Trump, qualifié de "président inculte".
Aux États-Unis, "nous luttons d'arrache-pied pour défendre la démocratie que nous considérions toujours comme acquise", a lancé l'acteur de 81 ans, avant d'ajouter que les artistes sont "une menace pour les autocrates et les fascistes de ce monde".
Interrogé, lors d'une table ronde avec quelques médias internationaux dont l'AFP mercredi, sur le silence d'une partie de l'industrie américaine du cinéma depuis le retour de Trump au pouvoir, De Niro dit ne pas se sentir isolé : "Je sens que les gens se soulèveront de plus en plus, manifesteront, protesteront. C'est notre pays, c'est l'Amérique. Je pense que la plus grande partie du pays ne veut ni dictature ni gouvernement autoritaire".
"Je n'ai pas l'impression que l'industrie ne me soutienne pas. (Mais) Il y a de grandes entreprises (qui) doivent s'inquiéter de la colère de Trump", a-t-il encore déclaré pour expliquer la prudence de certains.
Le président américain a notamment suscité l'inquiétude du monde du cinéma en menaçant d'instaurer une taxe de 100% sur les films produits hors des frontières des Etats-Unis.
Le message de De Niro contre la politique de Donald Trump
"C'est juste fou"
D'une manière générale, "vous ne pouvez pas rester sans réaction, silencieux. Les gens doivent s'exprimer et prendre des risques, même s'ils risquent d'être harcelés ou quoi que ce soit d'autre. On ne peut tout simplement pas laisser la brute l'emporter, point final !", a exhorté le comédien.
Il "continue à penser que plus il y a de protestations, plus il y a de manifestations, plus il y a de colère contre ce qui se passe, (plus) les membres du Congrès et du Sénat doivent se demander s'ils veulent affronter leurs électeurs en colère ou s'ils veulent affronter Trump et les siens".
Les élus "doivent avoir plus peur de leurs électeurs afin que nous puissions rectifier et corriger cette injustice. Et c'est la seule manière" de faire, a martelé De Niro, donnant également en exemple la façon dont certaines universités ou cabinets juridiques ont "dit non" et refusé de se plier à des injonctions de l'administration américaine.
"C'est important parce que d'autres personnes voient qu'ils se battent, cela leur donne la force de se battre et elles en sont inspirées. Ils disent que c'est possible, que c'est de cela que l'Amérique est faite", a martelé l'acteur de "Heat" (1990) et des "Affranchis" (1995).
De Niro "espère que (son discours) aura un impact quelconque" : "J'espère, nous espérons... Mais maintenant, il faut aller au-delà de l'espoir et dire que nous devons arrêter ce qui se passe, c'est juste fou".
L’émotion de Robert de Niro au Festival de Cannes