"Avec la force du souffle, le bateau s'est couché instantanément, en une demi-seconde. Et quand la voile est dans l'eau, le bateau reste couché"", a dit Jérôme Delire, depuis son voilier Innovad Group - XLG, engagé en catégorie Class40.
"Ça c'est produit vers midi UTC (13 heures à Paris), dans le premier tiers du Golfe de Gascogne, en pleine mer. Les conditions étaient belles, au portant (vent arrière ndlr) sous spi, le bateau avançait vite, bien posé, c'est un moment où on récupérait", a-t-il dit, "l'avion est passé tout proche de nous et il a fait trois passages. Il nous a couchés à son premier passage, donc il a forcément très bien vu que la voile était dans l'eau."
"Nous ne l'avons pas vu arriver, ça va tellement vite, on l'a vu au dernier moment. Je ne suis pas un expert de l'aviation mais c'était un avion du style Falcon 50, un jet privé", a ajouté le navigateur.
L'avion, qui n'a eu aucun contact radio avec le bateau, n'avait pas encore été identifié jeudi.
Le voilier a pu reprendre sa route et se dirige vers la Corogne, où les Class40 font escale. "C'est la colère qui nous a envahis tout d'abord", a reconnu Delire, "ça fait partie des moments forts et moins drôles de la course, mais on ne se laisse pas abattre. On continue".
"Spi en lambeaux"
Juste après l'incident, les deux marins - qui sont en couple dans la vie - avaient craqué nerveusement, et s'étaient filmés en larmes à bord du bateau. La vidéo avait fortement ému leurs suiveurs. "C'est un désastre (...) notre spi est en lambeaux tout ça parce que quelqu'un, dans un avion privé, a voulu faire une belle photo de notre bateau", avait fulminé Caroline Dieu dans cette vidéo, entre deux sanglots.
Une heure plus tard, le bateau redressé, ils avaient remonté à bord la voile désormais inutilisable, déployé un autre spi et retrouvé le moral.
"C'est la première fois qu'un avion passe aussi proche de nous", a assuré Delire lors du contact vidéo jeudi, "ça nous était déjà arrivé d'être survolés par des avions qui voulaient prendre des photos, mais ils passaient plus haut, plus loin, là il nous a survolés tout à fait contre le bateau".
Les Class40, longs de 12 mètres, sont les plus petits monocoques engagés dans cette Transat entre le Havre et Fort-de-France en Martinique. Les organisateurs ont décidé de leur faire faire escale à la Corogne, en Espagne, en raison d'une dépression sévère attendue sur la côte atlantique à partir de jeudi.
Les autres catégories de bateaux engagés - Ultim, Ocean Fifty et Imoca - doivent, eux, effectuer la traversée d'une traite jusqu'à Fort-de-France, où les premiers de chaque classe sont attendus autour du 6 novembre.








