Le gaz au cœur des sanctions et tensions avec la Russie

Pour sanctionner l’invasion à l’Ukraine, l’Allemagne a suspendu l’autorisation de Nord Stream 2, le gazoduc qui devait la relier à la Russie. Mais problème : 40% de l’Europe dépend du gaz russe.

L’Allemagne a annulé la mise en marche de Nord Stream 2


Nord Stream 2, c’est un gazoduc entre la Russie et l’Allemagne qui doit permettre de doubler la quantité de gaz livrée chaque année à l'Europe. A l'origine de ce projet, on trouve plusieurs entreprises dont le groupe français Engie mais surtout le géant pétrolier russe Gazprom, qui est notamment sponsor officiel de la Ligue des Champions.


Achevé en novembre 2021, le projet Nord Stream 2 a coûté 11 milliards de dollars et il est capable d'acheminer 55 milliards de mètres cubes de gaz par an. Quelques jours avant la déclaration de guerre en Ukraine, Vladimir Poutine a dit le 15 février 2022 : “J'ai dit plus d'une fois que ce projet est un projet purement commercial, et qu'il n'y a pas de politique, pas de sous-entendus politiques ici."


L’histoire s’est ensuite accélérée. Le 21 février, le président russe Vladimir Poutine a reconnu l’indépendance des républiques séparatistes en Ukraine. Dans la foulée, l’Allemagne a suspendu l’autorisation de la mise en marche de Nord Stream 2. “Sans cette certification, Nord Stream 2 ne peut pas être mis en service” a déclaré le chancelier allemand, Olaf Scholz le 22 février.


Puis, c’est au tour des Américains d’annoncer des sanctions. Le 23 février, Ned Price, le porte-parole du Département d'État des États-Unis, a déclaré : “Aujourd’hui, le président Biden a autorisé les sanctions sur Nord Stream 2 et ses actionnaires.”


“Ça fige les choses mais ça ne veut pas dire que le Nord Stream 2 sera détruit” pour Thomas Gomart, directeur de l’IFRI (Institut français des relations internationales).


Le gaz russe représente 40% de la consommation de l’UE


Suite à la suspension de Nord Stream 2, l'ancien président russe Dmitri Medvedev a réagi ironiquement sur twitter le 22 février en écrivant : “Bienvenue dans le meilleur des mondes où les Européens vont très bientôt payer 2.000 euros pour 1.000 mètres cubes de gaz naturel”.


En effet, l’Union européenne peut difficilement se passer du gaz russe. Aujourd'hui, il représente 40% de notre consommation. “Si les Européens décident de se couper du gaz russe, faudra trouver une solution à l’hiver 2022”, c’est ce qu’a déclaré Patrick Pouyanné, le président de TotalEnergies le 24 février. Le prix du gaz pourrait potentiellement s’envoler.


Mais tout le monde n’a pas la même dépendance au gaz russe. Par exemple, en Allemagne, 55% du gaz consommé vient de Russie. Pour Thomas Gomart, directeur de l’IFRI : “C’est particulièrement sensible pour un pays comme l’Allemagne qui, comme vous le savez, a fait le choix de sortir du nucléaire et par conséquent entend augmenter sa part de gaz dans son mix énergétique.”


Un impact sur le prix du gaz à prévoir en France


En France, seulement 20% du gaz consommé est d’origine russe mais le conflit actuel devrait tout de même avoir un impact sur le prix du gaz. Le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, affirmait le 23 février : “La France n’est plus en première ligne sur les questions d'approvisionnement. En revanche, il peut y avoir une augmentation. Je veux être très clair avec l'ensemble des Français qui nous écoutent, nous avons pris un engagement avec le Premier ministre de gel du prix du gaz, cet engagement sera respecté.”


De son côté, la Russie a elle aussi besoin de l’Union européenne pour vendre son gaz. C’est même son principal client. Thomas Gomart, Directeur de l’IFRI : “Elle veut exporter du gaz pour éviter que le marché européen ait recours au GNL, ce qu'on appelle le gaz naturel liquéfié venant en particulier des pays du Golfe mais de plus en plus des Etats-unis. Il y a donc en fait un enjeu de qui alimente en gaz le marché européen.”


Le spécialiste ajoute : “Vous avez trois grandes voies d'approvisionnement de gaz russes en Europe. Vous avez aujourd’hui la voie ukrainienne qui est historiquement la plus importante. Vous avez une deuxième voie qui est via la Biélorussie et vous avez une voie via le Nord Stream.”


Le projet Nord Stream 2, c’est aussi un moyen pour la Russie de dépendre moins de l’Ukraine pour acheminer son gaz vers l’Europe. Thomas Gomart : “Est-ce qu'avec Nord Stream 2 la Russie peut se passer de l’Ukraine ? Il faudrait voir la réalité des chiffres. C’est en tout cas clair que pour la Russie c’est une volonté de réduire la proportion de son gaz à l'exportation qui transite par le territoire ukrainien.”


Le matin du 24 février, Moscou a pris la décision de l’invasion de plusieurs régions ukrainiennes. Le président russe Vladimir Poutine a annoncé publiquement la déclaration de guerre. Quelques minutes plus tard, le chef d’Etat ukrainien, Volodymyr Zelensky, s’est exprimé. Des sanctions financières, notamment auprès des banques, contre la Russe ont été votées par divers pays occidentaux. Retrouvez les moments clés de la première journée de l’invasion russe en Ukraine.


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