Merlès a tout quitté pour devenir bergère en Catalogne

"Il y a ce cliché que c'est un métier du passé." Merlès a quitté son emploi "classique" près de Barcelone pour devenir bergère. Brut est allé découvrir sa nouvelle vie.

“Il y a ce cliché que c’est un métier du passé”


“Ils imaginent le berger avec sa veste en agneau”. Merlès regrette les clichés encore associés à son métier. “Le commentaire que j’ai le plus entendu, c’est : “Tu n’as pas l’air d’une bergère.” Ça a l’air de quoi, une bergère ?”


“J’ai tout lâché pour étudier ce métier et lancer mon projet. Mes amis étaient super enthousiastes. Ma famille a eu un peu plus de mal”. Merlès est née en ville et sa famille n’a jamais travaillé la terre. C'est à la fin de ses études qu'elle décide vouloir changer d'emploi.


Pourtant, la jeune femme fait ce métier par conviction. “J’aime ce que je fais et c’est ici que j’ai envie d’être. Les gens pensent que les bergers sont des personnes qui n’ont pas eu d’autres choix, mais ce n’est pas vrai”.


“Quand ils voient tout le travail qui se cache derrière, toutes nos tâches, ils réalisent qu’on fait plus que s’occuper de chèvres”.


A 39 ans, Stéphanie, parisienne, a décidé de devenir bergère elle aussi. Brut l’a rencontrée.


“Au début, on vous demande où est votre associé, votre conjoint”


“Aujourd’hui, les femmes qui sont dans ce secteur revendiquent leur rôle dans l’élevage, dans l’agriculture”. Mais pour Merlès, les femmes bergères ont trop souvent été oubliées au profit de leurs homologues masculins.


“Les femmes ont toujours été là, mais elles étaient dans l’ombre. On ne leur a jamais accordé d’importance, c’étaient les femmes, les filles, des bergers ou des éleveurs“.


Souvent, Merlès doit faire face à des préjugés. “On est allées directement à Málaga, pour acheter les chèvres. Quand on est arrivées, deux femmes qui venaient acheter du bétail, ça a surpris.”


La jeune bergère s’occupe désormais de 150 chèvres de race malaguène, une race laitière, afin de récupérer le lait et le transformer en produits frais destinés à la vente en direct.


“Ils ont besoin d’être soutenus, d’être entendus”. L’acteur et réalisateur Guillaume Canet s’engage pour les agriculteurs.


“Il y a de l’amour, mais parfois, ce n’est pas suffisant”


Passionnée par son métier, Merlès et d’autres bergères ont créé le réseau 'Éleveuses de Catalogne' pour faire connaître leur travail et montrer qu’il y a de nombreuses femmes qui portent des projets dans ce secteur.


“C’est aussi un moyen, entre nous, de nous soutenir les unes les autres”.


“Le contact avec les animaux et la nature, pour moi… C’est ce qui m’épanouit, ce qui me comble le plus. Il y a une part de liberté, une part de nous qui entre en synergie avec les animaux et la montagne, j’adore ça”.


Bien que passionnée, la jeune femme est souvent confrontée à des difficultés. “Il y a de l’amour, mais parfois, ce n’est pas suffisant, quand tu vois que tu n’arrives pas à finir le mois”.


Dans le secteur primaire, une femme touche en moyenne 6 425 euros de moins qu’un homme, c’est-à-dire 27 % de moins. “C’est là que tu remets un peu en question ce métier”. Même si les femmes travaillent la terre, la plupart des propriétaires terriens restent des hommes.


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