Sara-Li, une restauratrice face au défi du déconfinement

"On n'a plus de clients mais on reçoit des factures tous les jours." Sara-Li venait d'ouvrir son restaurant un mois avant le confinement. Aujourd'hui, il est en péril.

Sara-Li a ouvert son restaurant juste avant le confinement


Aujourd’hui, la cheffe d’entreprise s’inquiète pour l’avenir de son commerce.


Bienvenue au restaurant de Sara-Li, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. « On n’a plus de clients depuis un mois et demi, mais on reçoit des factures tous les jours. On reçoit des relances, des petits courriers d’huissiers… Bon, c’est plus pour faire de la pression qu’autre chose, mais on sait qu’ils peuvent aller jusqu’au bout », craint l’entrepreneuse.


« Le temps s’est arrêté »


Sara-Li a ouvert son restaurant vegan un mois avant le début du confinement. « On a à peine eu le temps d’avoir de bons retours que tout s’est arrêté. Le temps s’est arrêté », constate-t-elle amèrement. Sara-Li avait déjà une trésorerie fragile lors de l’ouverture. Aujourd’hui, c’est encore pire. « Je n’ai plus rien. Ma seule issue, c’est de faire un nouveau prêt bancaire. Sauf que j’en ai déjà un à rembourser. »


Sara-Li n’est pas éligible aux prêts garantis par l’État. « La seule chance qui me reste, c’est que ma banque me suive et accepte de me prêter de l’argent. Mais c’est de l’argent qu’on va devoir rendre. Sous quelles conditions, on ne sait pas encore. Et comment on le rembourse si on est encore fermés pendant des mois et des mois ? », s’interroge la cheffe d’entreprise.


À l’heure du confinement, elle admet être dans une sorte de déni. Il faut dire que l’annonce a été particulièrement difficile à encaisser. « Un samedi soir, on nous dit : "Dans quatre heures vous devez tout fermer." Je venais d’ouvrir. Je lançais mon premier brunch le lendemain de l’annonce. J’étais complet. Je vous laisse imaginer les stocks que j’ai perdus. »


« On va devoir recommencer à zéro »


Sara-Li se prépare à rouvrir son restaurant après le confinement. Néanmoins, la restauratrice risque de devoir modifier son concept. « On va devoir recommencer à zéro. Tout ce qui a été fait depuis un an. Mais on ne sait pas dans quelles conditions. Les infos changent tout le temps : un coup on doit ouvrir mi-juillet, un coup on va peut-être ouvrir en juin. Mais un restaurant, ça ne s’ouvre pas du jour au lendemain ! », s’alarme Sara-Li.


Qui plus est, les conditions évoquées par le gouvernement pour les restaurateurs, comme les tables placées à un mètre l’une de l’autre, sont impossibles à respecter selon elle. « Il n’y a pas la place, on ne peut pas passer. » Sara-Li réalise aujourd’hui qu’elle va devoir revoir son modèle économique et diversifier son offre. « Je vais faire du click-and-collect. Ce sont des commandes en avances, avec des créneaux de récupération. Ça évite la queue devant le restaurant, ça permet de respecter la distanciation sociale. »


En attendant, elle encourage à soutenir les commerçants de quartier, du restaurant au salon de coiffure. Et à garder le sourire. « C’est quelque chose qu’on ne pourra jamais nous enlever. »


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Brut.