Interview Brut : Zahia Dehar et Rebecca Zlotowski

"Tous ces mots comme "fille facile", "traînée", la société les a inventés pour un seul but : emprisonner les femmes." Ça veut dire quoi être "une fille facile" ? Brut a posé cette question à Zahia Dehar, ancienne escort girl devenue actrice, et à la réalisatrice Rebecca Zlotowski au Festival de Cannes. Voilà leur réponse…

Interview Brut : « Une fille facile », le film de Rebecca Zlotowski, avec Zahia Dehar


Ça veut dire quoi être « une fille facile » ? Brut a posé la question à Zahia Dehar, ancienne escort girl devenue actrice, et à la réalisatrice Rebecca Zlotowski qui présentent le film « Une fille facile » au Festival de Cannes. Voici leur réponse…


Pour Zahia Dehar, ancienne escort devenue actrice, être « une fille facile » ce n'est pas du tout quelque chose de péjoratif, bien au contraire : « Pour moi, une fille facile, c'est une femme forte, une femme libre, une femme qui s'épanouit dans sa sexualité à l'égal de l'homme et qui n'en a pas honte et qui n'est pas soumise à cette morale complètement ridicule que la société nous impose » précise Zahia Dehar.


Elle estime que les mots comme « fille facile » ou « traînée », ont été « inventés » par la société « pour un seul but : emprisonner les femmes ». Zahia Dehar ajoute qu’on ne parle pas de la vie personnelle des hommes « sur la place publique », alors que c’est très souvent le cas pour les femmes.


En 2010, l’ancienne escort girl Zahia Dehar devenait célèbre suite à une affaire de mœurs impliquant plusieurs footballeurs. Aujourd'hui, elle est actrice. Son premier film : « Une fille facile » de Rebecca Zlotowski a été présenté au Festival de Cannes.


Se réapproprier les clichés pour se sentir plus libre


« Une fille facile, c'est être marginalisée, elle est sous-estimée, elle est conspuée. Un homme facile, il n'existe même pas de terme figé » déclare Rebecca Zlotowski, réalisatrice du film « Une fille facile ». « L'idée n'est pas de dire qu'il faudrait que ça arrive, mais il faut déplacer un peu les lignes » ajoute Rebecca Zlotowski. Pour elle, les personnes les plus libres sont celles « qui se réapproprient les clichés que les autres ont d'eux en en jouant et en en sortant victorieux ».


Rebecca Zlotowski voit Zahia Dehar comme « une femme qui recherche le plaisir, qui n'a pas peur d'être subversive, provocatrice, qui ne cherche pas à rentrer dans le moule de la femme phallique, virile, intellectuelle » déclare la réalisatrice. Elle avoue même l’admirer pour ça : « Moi, il y a plein de moments où j'essaye d'avoir l'air super intelligente, convenable, mais tu t'en fiches. Et je pense que cela déplace un truc dans le contemporain. Elle fait peur. Et comme ça fait peur, il faudrait que ça soit une forme de blessure, qu'il y ait de la victime au cœur de ça » conclut Rebecca Zlotowski.


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