La difficulté des femmes africaines pour faire du cinéma

Elles sont africaines. Elles veulent faire des films. Ces réalisatrices rencontrées au Festival International du Film de Marrakech racontent les difficultés auxquelles elles font face...

Être une femme réalisatrice en Afrique : elles témoignent


Elles sont marocaines, égyptienne, sud-africaine. Elles sont réalisatrices. Voilà pourquoi être réalisatrice en Afrique est si difficile.


Les réalisatrices Zamo Mkhwanazi, Aida Elkashef, Laïla Marrakchi, Rim Mejdi, Yasmine Benkiran et Karima Saidi racontent à Brut les difficultés auxquelles elles ont à faire face au quotidien.


Une secteur dominé par les hommes blancs


Zamo Mkhwanazi, réalisatrice sud-africaine : « Il y a moins de cinq femmes noires dans l’histoire de l’Afrique du Sud qui ont réalisé un long métrage. »


Aida Elkashef, réalisatrice égyptienne : « Être réalisatrice signifie être le chef la plupart du temps. Et beaucoup de gens n’aiment pas recevoir d’ordres de la part de femmes. »


Laïla Marrakchi, réalisatrice marocaine : « Le fait d’être une femme, plus généralement que réalisatrice, est un problème parce que je n’ai pas forcément accès à la rue, à certaines choses en tant que femme, tout simplement. »


Zamo Mkhwanazi : « Le secteur de la réalisation de publicité est presque entièrement dominé par des hommes blancs, qui représentent quelque chose comme 4 % de la population. Et il y a nous, les 50 %, qui tentons de frapper à la porte. Et on nous répond : "Non, seuls ces 4 % sont autorisés à entrer." »


Être réalisatrice, un acte militant ?


Rim Mejdi, réalisatrice marocaine : « Je n’essaie pas de faire du militantisme, mais de raconter des histoires qui me touchent et que je pense importantes. Surtout venant du Maghreb, on attend de toi toujours les mêmes films. Il faut forcément que ça parle de certains sujets. Parce qu’on est une femme maghrébine, on va parler des femmes voilées, des femmes battues, des femmes soumises qu’il faut libérer. Et je pense que c’est totalement inapproprié. »


Yasmine Benkiran, réalisatrice marocaine : « À partir du moment où on met une femme dans un film, tout de suite c’est : "Qu’est-ce que vous pensez de la condition de la femme ?" Non, mon personnage peut être une femme et être autre chose qu’une femme. C’est un personnage avant tout. Et ce serait chouette qu’on arrive à un point où on ne se dise pas, c’est un personnage féminin, beau portrait de femme, c’est un personnage féminin merveilleux. Non, c’est un personnage, basta. »


Zamo Mkhwanazi : « C’est en Afrique que sont les histoires. Les gens qui ont de vrais problèmes sont tellement plus intéressants et ont des histoires tellement plus intéressantes. Je regarde souvent des films européens et je me dis : "Ces gens n’ont pas de problèmes. Je ne sais pas pourquoi c’est intéressant à regarder." Je ne comprends pas. Je crois que c’est pour ça qu’ils traitent de crises existentielles d’hommes blancs de 40-50 ans. »


Leurs conseils aux jeunes réalisatrices africaines


Rim Mejdi : « Ne pas se faire dicter ce qu’on doit dire, ce qu’on ne doit pas dire. »


Karima Saidi, réalisatrice belgo-marocaine : « Osez. Essayez, fabriquez, essayez, créer. Il faut y aller. Faut pas lâcher l’affaire. »


Aida Elkashef : « Ça demande plus d’efforts aux femmes, mais ça vous donne confiance en vous, dans plein d’autres domaines de votre vie. »


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Brut.