Discussion avec le réalisateur Baloji

"Je me suis dit que quand tu es entouré de gens qui te disent que tu es formidable, tu finis par le croire. Et l'inverse est aussi vrai." Il présente à Cannes 2023 "Augure", son premier long-métrage. Brut a rencontré le réalisateur Baloji.

“Sorcier”, un terme qui n’est pas inconnu à Baloji

Il se trouvait à Cannes pour présenter son premier film “Augure” en sélection Un Certain Regard au Festival de Cannes 2023. C'est le réalisateur Baloji et il est aussi rappeur, poète, performeur, styliste et directeur artistique de films et de clips vidéo belges. Son film retrace l’histoire d’un homme, Koffi, considéré comme un sorcier. Renié par sa mère, il décide de revenir dans son village, 15 ans plus tard, pour affronter les préjugés et la suspicion des siens. 

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Des similitudes qui sont frappantes avec la vie du réalisateur Baloji, un nom qui veut dire “groupe de sorciers”. “Le fait de m'appeler ‘Sorcier’, je l'embrasse à un moment, après avoir passé des années à haïr mon prénom, vu que Baloji, ça veut dire "groupe de sorciers" et que c'est l'équivalent d'être appelé en France ‘diable’, ‘Belzébuth’, donc on s’imagine tout ce qui va avec. Donc c'est un prénom avec lequel j’ai eu beaucoup de mal et en même temps, qu'il fallait que je l'accepte”, explique Baloji. 

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Le point de départ du film est le décès de son père, en novembre 2019. “Il y a une scène un peu absurde que j'ai fantasmée, avec des pleureuses, et l'idée que le lieu devenait une espèce de fontaine de larmes”. Dans son film, les femmes sont mises à l’honneur. “À part le pasteur, à part l'oncle, il n'y a presque pas d'hommes dans ce film. On a le personnage de Tshala, une femme de 35 ans, qui se considère comme nullipare. Elle ne veut pas avoir d'enfant et décide d'avoir des relations avec des hommes et des femmes, plus jeunes, plus vieilles qu'elle, qu'importe, donc elle est considérée comme une sorcière. Comme c'est le cas en France. Je suis sûr que vous connaissez tous des femmes qui, passé un certain âge, tout le monde leur dit qu’elles n'ont pas encore d’enfants. Parce qu'il y a cette espèce d'injonction sociale qui pèse au-dessus de nous et qui est, en fait, la lame de fond du film, c'est-à-dire que cette société patriarcale qui est omniprésente dans la tête des gens, et des hommes qui sont absents”, ajoute Baloji.


Son apprentissage 

Quant à la réalisation de son film, Baloji explique que son long-métrage lui aura inculqué de nombreuses connaissances à commencer par l’écriture. “Je crois que le cinéma est avant tout un métier d'écriture. Et en même temps, parce que je viens de la musique, je travaille également pas mal dans des aspects de la mode ou de la direction artistique, donc du coup, c'est un peu génial de travailler dans le cinéma, parce qu'en fait, toutes les disciplines sur lesquelles je me sens à l'aise et j'ai envie de développer un langage sont réunies”, termine-t-il. 

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Brut.