Ces biais cognitifs qui trompent notre cerveau

Ils influencent nos décisions, les bonnes, et surtout les mauvaises… Voilà comment les biais cognitifs trompent notre cerveau.

C’est quoi, les biais cognitifs ?


Ils influencent nos décisions. Les bonnes, et surtout les mauvaises… Les explications du spécialiste de la stratégie Olivier Sibony.


« Vous êtes au supermarché, vous voyez un produit à 9 euros, mais il y a écrit que c’était 15 euros avant. Vous vous dites que c’est une bonne affaire. Peut-être que si vous aviez vu le même produit à 9 euros sans la promotion indiquée, vous auriez dit que c’est trop cher. » Cet exemple pris par le spécialiste de la stratégie Olivier Sibony, c’est ce qu’on appelle un biais cognitif. Au quotidien, ces biais influencent notre cerveau et nos prises de décision. Explications.


En bref


Quand on vous dit ce produit qui vaut 9 euros en valait 15 avant, on vous a un peu ancré sur le chiffre 15. Vous vous dites que vous faites une économie. Mais la question que vous devriez vous poser, c’est : « Est-ce que ce produit, j’ai envie de l’acheter à 9 euros ? » C’est un biais cognitif, une déviation par rapport à ce qui devrait être la réponse rationnelle de la manière dont on va réagir.


Ce qu’on nous a appris à l'école, c’est que quand on doit prendre une décision, on recueille les données, on les analyse, on les traite. On est objectif, on est rationnel. Mais on sait bien que ce n’est pas comme ça que ça se passe. Quand on doit prendre une décision, on a une idée qui nous vient. Cette idée, elle nous vient de ce qu’on appelle le système 1 : la pensée rapide. C’est la manière qu’on a de penser intuitivement.


Éventuellement, on va faire l'effort de vérifier ce que le système 1 nous a suggéré. C’est ce qu’on appelle le système 2 : la pensée lente. On va avoir des biais cognitifs quand on va laisser notre système 1 souffler très fort la décision et que le système 2 ne va pas suffisamment la vérifier.


Le biais de confirmation


Quand on regarde des informations, on va avoir tendance à les filtrer parce qu’on ne peut pas prêter attention à toutes les informations autour de nous. On va avoir tendance à les filtrer d’une manière biaisée, qui est de donner plus de poids aux informations qui confirment ce qu’on pensait déjà, et au contraire de donner moins d’importance à celles qui pourraient nous faire changer d’avis.


Un exemple évident : vous regardez un débat politique entre deux candidats. Il y en a un que vous soutenez et un que vous ne soutenez pas. À la fin du débat, vous allez vous dire que celui que vous soutenez a marqué plus de points. Mais votre copain qui a regardé le débat avec vous et qui est de l’opinion politique opposée, il va penser exactement le contraire.


Vous avez regardé le même débat, mais vous avez vu un débat différent, parce que chacun de vous était plus attentif aux points que marquait son candidat et a sincèrement pensé que l’autre en marquait moins.


La pensée de groupe


Vous êtes cinq copains et vous devez aller manger au restaurant. Il faut choisir lequel. Comment vous allez faire ? Souvent, il y en a un qui va dire : « J’ai une super idée, j’ai trouvé un resto, un resto italien très bien, on va y aller. » Les autres vont dire : « Pourquoi pas, ok. » Puis on va tous aller au resto italien. Mais peut-être que les quatre autres n’avaient pas du tout envie d’aller au restaurant italien. Simplement, ils ne se sont pas exprimés.


Ça, c’est le piège de la pensée de groupe : la première idée ou celle qui est exprimée le plus fort, ou quand il y a une hiérarchie, va avoir plus de poids que les autres. Ceux qui sont en désaccord vont avoir tendance à étouffer leur désaccord parce qu’ils ne veulent pas faire de vagues, parce qu’ils ne veulent pas être enquiquinants et parce qu’ils ne savent pas qu’ils ne sont pas seuls à penser comme ils pensent.


Le biais de disponibilité


Notre système 1 a tendance à s’attacher aux informations disponibles simplement parce qu’elles sont là. Pas parce que c’est plus important, pas parce qu’on en a besoin, mais parce qu’elles sont disponibles. Un frappant pendant la crise du Covid-19, c’est qu’on n’arrêtait pas de comparer le nombre de cas entre les différents pays. Mais le nombre de cas, il ne veut rien dire, parce qu’il dépend de la politique de tests.


À chaque fois, on nous disait : « On compare parce que c’est quand même intéressant de comparer. » Alors qu’en fait, c’est une comparaison qui ne veut rien dire. C’est un exemple frappant : on prend l’information disponible au lieu de se demander quelle est celle qu’on voudrait vraiment avoir et d’aller la chercher.


Ce qu’on peut faire de mieux pour se mettre en alerte contre les biais, c’est demander aux autres de nous aider. C’est demander à ceux qui nous entourent dans une équipe, dans un groupe d’amis, de nous dire : « Là, tu es en train de tomber dans un piège d'excès de confiance, tu ne crois pas ? » Moi, j’essaie d’appliquer cette leçon-là et de me dire d’une part qu’il faut que j'écoute les gens autour de moi quand ils me disent que j’ai des biais cognitifs.


Et d’autre part, j'essaie d’avoir une méthode de décision qui me protège de mes biais cognitifs. La méthode de décision, c’est ce qui va vous permettre de faire en sorte que quand vous devez faire un choix, vous allez le faire sur les bons critères, les bons outils, et pas en suivant votre instinct, qui risque d'être influencé par des biais cognitifs.


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